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Alimentation des Astrilds




CINQUIÈME PARTIE : LES INSECTES


La "bête noire" des amateurs d'Astrilds...

Regardons les choses en face : les Astrilds sont des oiseaux sauvages qui ont un besoin impérieux de "nourriture vivante" pour élever leurs petits. Il y a des exceptions qui confirment la règle, mais nous ne pouvons pas compter dessus quand nous souhaitons élever ces oiseaux.

Pensez qu'un oisillon, chez les plus petites espèces, vient au monde en pesant moins d'un gramme. En deux à trois semaines, il doit prendre un poids considérable et fabriquer son premier plumage, avant de quitter le nid, et il reste encore avec ses parents pendant quelques semaines. Ce n'est pas avec des graines ou de la simple pâtée d'élevage du commerce qu'un oisillon peut "pousser" aussi vite. Il lui faut des protéines animales, cet apport est crucial dans les 10 premiers jours de la vie de la plupart des Astrilds. D'instinct, même si on leur donne la meilleure pâtée du monde, les parents cherchent des insectes, de préférence identiques à ceux dont ils avaient l'habitude dans la nature. S'ils ne reçoivent pas cette nourriture vivante, ils abandonnent souvent leurs petits, car ils ne savent pas où trouver les protéines dont ils ont besoin. On peut les habituer à accepter certaines formes d'insectes (y compris congelées) faciles à trouver dans le commerce, quelques-unes sont présentées ci-dessous.

Cette contrainte dissuade beaucoup d'éleveurs de faire reproduire leurs Astrilds (et même certains Diamants australiens) dans de bonnes conditions, et ils préfèrent les faire élever par des Moineaux du Japon, bons nourriciers et moins exigeants. Pourtant, l'élevage par les parents donne des oiseaux mieux nourris car les vrais parents (ou oiseaux d'espèce voisine) savent mieux que les Moineaux du Japon ce dont leurs petits ont besoin. Le sevrage est fait à la bonne date, alors que les Moineaux sèvrent leurs jeunes à 30 jours, ce qui ne convient pas à toutes les espèces d'Astrilds.

Pour éviter des déboires, gardons en mémoire que les oisillons ont besoin de beaucoup d'insectes dans les premiers jours de leur vie, mais les oiseaux adultes ont besoin de quantités modérées d'insectes au cours de l'année. Certaines espèces sont plus insectivores que d'autres, mais les insectes à forte dose en permanence sont mauvais pour la santé des Astrilds adultes.

Même en appartement, on peut très bien apporter des insectes à ses oiseaux sans trop de dégâts. Suivez le guide...

Le ver de farine, larve du Ténébrion meunier (Tenebrio molitor) :

Le ver de farine est sans doute l'insecte le plus distribué aux oiseaux. Il est facile à trouver dans le commerce spécialisé (par exemple chez le producteur français Insectes Production Vente, téléphone : 04 75 03 95 78) et on peut également en faire l'élevage pour approvisionner ses oiseaux en petites larves fraîches.

Le ver de farine est la larve d'un coléoptère, un scarabée marron foncé mesurant environ 1,5 cm de longueur. Le ver de farine lui-même peut mesurer jusqu'à 2,5 cm environ. Son corps est couvert d'une "peau" chitineuse brun clair et indigeste pour les oiseaux, qu'il perd régulièrement en faisant des mues que l'on retrouve près des vers devenus tout blancs. Les vers de farine blancs, fraîchement mués et plus tendres, peuvent être totalement absorbés par les oiseaux. Quand ils ont une peau dure, les petits granivores aspirent souvent l'intérieur du ver et laissent l'enveloppe dure. Certains oiseaux, comme les Cordonbleus, mangent uniquement la tête des vers de farine trop gros et trop durs, ce qui occasionne beaucoup de gaspillage. Pour cette raison, certains éleveurs préfèrent donner des vers de farine de petite taille ou des vers buffalo.

Le ver de farine a un inconvénient majeur : donné à volonté en permanence, il abîme le foie des oiseaux et sa teneur en protéines et en graisses excite tellement les adultes qu'ils peuvent détruire une nichée en cours, pour en recommencer une immédiatement. Pour éviter ce problème, on peut distribuer les vers de farine en petites portions plusieurs fois par jour. Ainsi, on est certain que tous les vers distribués vont dans l'estomac des oisillons, et que les parents ne gardent pas le supplément pour eux.

On trouve en Belgique des vers de farine congelés de la marque "Top Insect". Si les oiseaux les acceptent, ils constituent un bon apport de protéines.

Le ver buffalo, larve du Ténébrion brillant (Alphitobius diaperinus) :

Ce petit ver de 10 à 15 mm qui se déplace très rapidement est un cousin du ver de farine. Il fait donc partie, lui aussi, de la grande famille des coléoptères. L'insecte adulte est un petit scarabée de 7 à 10 mm de longueur, de couleur brun rougeâtre brillant.

L'intérêt du ver buffalo réside dans sa petite taille et sa meilleure digestibilité, puisque sa peau contient moins de chitine que celle du ver de farine. La larve mue plusieurs fois avant de se transformer en petite chrysalide blanc jaunâtre, puis en insecte. On reconnaît les vers buffalo venant de muer à leur couleur plus pâle.

Divers oiseaux de petite taille adorent les vers buffalo. Les Cordonbleus et certains Astrilds vrais en mangeraient de grandes quantités si on le leur permettait. Il faut donc donner une ration adaptée à la dépense physique de l'oiseau (nourrissage des oisillons, mue, maladie, vie en grande volière extérieure...). Un oiseau qui ne se dépense pas beaucoup devra recevoir une petite ration.

On peut élever les vers buffalo à la manière des vers de farine, mais de nombreux éleveurs affirment qu'ils ont besoin de plus de chaleur. A une température de 25°C, le cycle du Ténébrion brillant semble se dérouler sans problème. On peut également acheter des vers buffalo dans le commerce, mais ils sont nettement plus chers que les vers de farine et peu de fournisseurs en proposent, car leur expédition est plus délicate : les vers buffalo meurent rapidement en cas de refroidissement excessif de leur environnement.

On trouve en Belgique des vers buffalo congelés de la marque "Top Insect". Les oiseaux semblent moins les apprécier que les buffalos vivants mais ils peuvent rendre de grands services. On peut aussi congeler soi-même ses vers buffalo (voir "pinkie" pour la recette).

Le pinkie blanc, larve de certaines Mouches du genre Lucilia :

Il est généralement désagréable d'élever des asticots, mais heureusement, les fournisseurs d'appâts pour la pêche proposent à la vente de nombreuses variétés d'insectes vivants. Le "pinkie", larve blanche de diverses mouches vertes du genre Lucilia, est un tout petit asticot très apprécié des Astrilds.

Ces bestioles peu coûteuses sont vendues à la dose, au demi-litre ou au litre. Elles peuvent être déjà conditionnées dans des boîtes scellées, ou en vrac. Dans les deux cas, elles sont conservées dans un réfrigérateur chez le marchand d'articles de pêche, car à température ambiante, ces asticots se transforment en grosses mouches en quelques jours.

Si les asticots sont vendus en vrac, ils sont souvent mélangés à de la sciure. On peut demander au vendeur de tamiser cette sciure, qui ne sert à rien pour nos oiseaux. Il existe des pinkies jaunes, verts ou rouges, qui contiennent un colorant et servent à pêcher certains poissons. Pour les oiseaux, il ne faut que des pinkies blancs (sans colorants).

On peut donner aux oiseaux les pinkies vivants, dans un récipient contenant un peu de pâtée sèche ou de polenta (farine de maïs), car les pinkies grimpent sur les parois des récipients et s'échappent facilement. Avant de les donner vivants aux oiseaux, on les met dans du son pendant quelques jours, pour qu'ils vident leurs intestins des éventuelles bactéries qui peuvent s'y trouver. Ensuite on peut les donner aux oiseaux.

On peut également distribuer les pinkies décongelés. Pour les préparer pour la congélation, on les plonge dans une casserole d'eau bouillante jusqu'à ce qu'ils remontent à la surface, puis on les égoutte avec une écumoire et on les dépose sur un torchon propre pour les faire sécher. Une fois qu'ils sont bien secs, on les met dans des boîtes en plastique au congélateur, et on peut alors décongeler chaque jour la quantité nécessaire. Les pinkies congelés se conservent plusieurs mois au congélateur sans problème. L'ébullition permet de tuer les bactéries nocives parfois présentes dans les asticots.

L'asticot blanc, larve de la Mouche domestique (Musca domestica) :

Ce que nous avons dit pour les pinkies est également valable pour les asticots, ces derniers sont simplement plus gros car ils sont les larves d'une espèce de Mouche plus grande. Les plus petits oiseaux n'accepteront peut-être pas les asticots aussi facilement que les pinkies, vu leur taille.

La Drosophile (Drosophila melanogaster) :

La célèbre "Mouche des fruits" ou "Mouche du vinaigre", objet d'études pour de nombreux généticiens, est un insecte facile à élever et utile à l'alimentation des Astrilds.

Pour créer une souche de Drosophiles, il suffit de laisser en plein air, à la belle saison, quelques fruits bien mûrs (éventuellement arrosés de vinaigre) dans un récipient muni de petites ouvertures (petits trous, par exemple). Après quelques jours, on aperçoit des moucherons de 3 mm de longueur environ qui viennent se nourrir sur les fruits. Puis on observe sur les fruits de minuscules asticots blancs... Le cycle de la Drosophile (ponte, larve, nymphe, mouche) est très rapide en été. Du moment qu'elles trouvent de la nourriture (restes de fruits), qu'elles sont gardées entre 20°C et 30°C et que leur substrat d'élevage n'est pas envahi de moisissures ou d'acariens, les Drosophiles prolifèrent sans exiger de soins particuliers.

Si l'on veut conserver sa souche de Drosophiles en hiver, il faut la maintenir à une température supérieure à 20°C. S'il fait froid, les Drosophiles meurent.

On peut élever des Drosophiles dans une volière en créant un "pourrissoir" (récipient, recouvert ou pas d'un grillage, où l'on dépose tous les restes de fruits pour attirer et élever les Drosophiles), ou même un tas de compost. Les oiseaux apprécient de pouvoir chercher de petits insectes parmi les végétaux en décomposition, en volière extérieure (ils mangent les insectes mais pas les fruits gâtés). Certains éleveurs craignent que les oiseaux attrapent des infections en accédant au pourrissoir, ils les empêchent donc d'atteindre celui-ci en le protégeant avec du grillage fin. Les Drosophiles peuvent sortir dans la volière, mais les oiseaux ne peuvent pas entrer dans le pourrissoir.

La larve de la Teigne de ruche (Galleria melonella) :

La Teigne de ruche est un petit papillon gris, semblable à une grosse mite, qui parasite les ruches d'abeilles et pond dans les rayons de cire en détériorant la ruche. C'est la larve, ou chenille, que l'on donne aux oiseaux comme nourriture vivante. Cette chenille est blanchâtre, molle et lisse. On peut la manipuler sans risque et les oiseaux apprécient les toutes petites larves de la Teigne de ruche.

Malheureusement, on ne trouve que de grosses larves dans le commerce. Si l'on a la chance de connaître un apiculteur sympathique pratiquant l'agriculture biologique, on peut récupérer, à certains moments de l'année, des rayons de cire d'abeille infestés d'œufs et de jeunes larves de Teignes de ruche. En conservant ces rayons dans la volière par exemple, les oiseaux récupèrent toutes les petites chenilles à leur sortie des rayons.

On peut également élever des Teignes de ruche sur un substrat à base de miel et de céréales. La récolte se fait alors manuellement avant de distribuer les chenilles (très rapides !) aux oiseaux. Pour avoir plus d'informations sur l'élevage des Teignes de ruche, vous pouvez consulter ce site consacré aux Dendrobates (petites Grenouilles tropicales qui mangent, elles aussi, des insectes).

Attention si votre élevage est à l'intérieur : une invasion de Teignes de ruche peut avoir des conséquences très désagréables !

Autres insectes :

Il existe d'autres insectes dans le commerce dont les oiseaux peuvent se nourrir : Grillons de petite taille, vers de vase (larves de moustiques), ...

Si l'on a la chance d'habiter à la campagne près d'un jardin non traité aux pesticides, on peut récolter de nombreux petits insectes à l'épuisette : jeunes Sauterelles, Pucerons (verts de préférence, ce sont les meilleurs), petites Araignées, etc. Déposer une motte de terre de jardin dans la volière permet aussi aux oiseaux de picorer toutes sortes de micro-organismes dans la terre. Tout apport en petits insectes vivants est précieux pour les Astrilds reproducteurs, ainsi que pour certaines espèces exigeantes sur le plan alimentaire.









Dernière mise à jour : le 26 octobre 2004


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