![]() Expérience d'élevage de Bernard Grandin
Comme beaucoup d'éleveurs, étant depuis ma plus tendre enfance attiré par la nature, je suis tombé "dedans" il y a de nombreuses années. J'ai commencé par élever des Diamants de Gould, des Canaris et des Diamants à longue queue. À l'heure actuelle j'élève, avec plus ou moins de réussite bien sûr ( car je n'ai pas choisi la facilité), plusieurs espèces insectivores : Niltava sundara (Gobemouche sundara), Grive à tête orange, Merle Dyal (Shama dayal), Jaseur du Japon, Minla à ailes bleues, Cardinal de Virginie, Merle Shama (Shama à croupion blanc), Verdier de Chine, Minla à queue rousse, et aussi le Rossignol du Japon qui fait l'objet de ce modeste article. J'habite au nord de la France, le Pas de Calais exactement, où je fais partie d'un club de ma région constitué de passionnés, comme moi, avec qui j'ai de très nombreux contacts (a minima lors de notre réunion mensuelle). J'ai donc fait l'acquisition de mes premiers Rossignols du Japon il y a maintenant 10 ans (dont certains sont encore en vie à ce jour !) chez un importateur bien connu de ma région. Le jour de mon acquisition, il y avait au moins 100 oiseaux de cette espèce. À l'heure actuelle, suite au passage de cet oiseau en annexe II de la CITES, cet oiseau est introuvable dans le commerce. Il est donc grand temps que les éleveurs passionnés par les insectivores en général, et le Rossignol du Japon en particulier, prennent les dispositions voulues pour maintenir cet oiseau dans leurs volières au risque de le voir disparaître à tout jamais, ce qui serait fort regrettable, tellement son plumage et son chant sont exceptionnels de charme et de beauté. Une forte demande de Rossignols est remarquée depuis peu : pouvons nous espérer qu'il s'agit du seul souci de conservation et rien d'autre ??? Comme d'habitude, le choix des oiseaux que je souhaitais acquérir se fit vers des sujets les plus colorés possibles, avec une bonne taille et également une bonne présentation (forme de l'oiseau, pas d'ailes pendantes et bonne tenue sur le perchoir). L'œil doit être bien rond, le ventre non violacé. Il est toujours recommandé, lorsque vous en avez la possibilité (acceptation du vendeur), d'isoler dans une petite cage (que vous aurez soin d'apporter vous même) l'oiseau qui vous a tapé dans l'œil, avant de prendre un peu de recul (3 mètres par exemple) afin d'examiner son attitude au repos : le plumage ne doit pas être ébouriffé et l'oiseau doit rester vif. À cette occasion, essayez de faire la différence entre les mâles et les femelles en fonction des critères énumérés ci-dessous : Certes, le dimorphisme sexuel n'est pas très évident. Mais...
![]() Couple de Léiothrix jaunes (mâle à droite) - Photo et élevage : Pierre Malburet J'ai classé l'état des oiseaux le jour de mon achat dans la catégorie du "moyen". Dès leur arrivée à la maison, je pris soin de les mettre en quarantaine dans une cage. Une cure de vitamines (marque : Omniform Oropharma) leur fut administrée d'office ainsi qu'un traitement antibiotique : Coccilyse, à raison de 6 gouttes pendant 4 jours pour une petite buvette de 100 ml. Les oiseaux étaient vifs mais très peureux, un peu stressés, il fallait bien évidemment qu'ils trouvent leurs repères avant de retrouver leur calme. Je n'ai eu aucune perte à déplorer car ces oiseaux sont assez robustes. La nourriture distribuée chez moi est composée des pâtées insectivores Orlux et Bevo, avec des vers de farine, dont ils raffolent, et de la pomme douce ('Golden'). Je distribue aussi des granulés pour poule pondeuse deux mois avant le début de la reproduction. Comme vous pouvez le constater, leur acclimatation s'est très bien passée. Dès les premiers rayons de soleil , mes Rossignols du Japon furent lâchés dans une grande volière (longueur 3 m, largeur 0,9 m et hauteur 2,5 m). Je précise que dans mon élevage, les couples restent formés toute l'année dans la volière qui leur a été attribuée. Ils peuvent ainsi se familiariser avec leur environnement afin de pouvoir espérer une reproduction dès la deuxième année qui suit leur installation lorsque l'on parle de nouveaux pensionnaires. Cette volière est couverte aux deux tiers : ainsi, la pluie nettoie le sol de la volière et permet aux oiseaux de prendre des douches qu'ils apprécient particulièrement. Elle est plantée de cyprès, je rajoute des fagots de branchage suspendus aux parois, ces derniers servent, comme les cyprès, de supports pour l'édification des futurs nids. La nidification a lieu chez moi de mars à juillet de chaque année. À ce jour (mi-mars 2002), j'ai un nid de Rossignol en cours de construction. Il m'a été permis de constater de bien meilleurs résultats lorsque plusieurs couples ne cohabitent pas ensemble dans un même espace. Le choix du nid varie : parfois, ils adoptent un nid à perruches mais le plus souvent, ils préfèrent construire leur nid dans un cyprès ou dans un fagot dont la hauteur se situe assez régulièrement entre 0,60 cm et 1,20 m du sol. Les matériaux retenus pour la construction sont assez classiques : crin de cheval, fibre de coco, herbes sèches. Une fois le nid terminé, la ponte se situe entre 8 et 15 jours en fonction des conditions climatiques du moment. La femelle pond 3 ou 4 œufs de couleur bleuâtre tachés de brun rouge . La visite du nid ne m'a jamais posé de problème ; en effet, je profite toujours de l'absence de la femelle qui sort se délasser et/ou se restaurer, pour effectuer un contrôle très rapide du contenu du nid. La durée d'incubation est de 12 à 14 jours. Pendant la couvaison, je supprime totalement la nourriture vivante, que je recommence à distribuer deux jours avant la date prévue de l'éclosion. Je rends visite à mes oiseaux une seule fois par jour pendant cette période de couvaison car les oiseaux ont besoin de beaucoup de calme. Le baguage, effectué dès le 3e jour qui suit l'éclosion avec un diamètre de 2,7 mm, ne pose pas non plus de gros problèmes, si ce n'est que les parents s'agitent et poussent des cris stridents de protestation, mais au bout de 5 à 10 minutes tout rentre dans l'ordre. J'ai déjà rencontré quelques problèmes avec mes Rossignols : en effet les mâles – surtout pendant la croissance de la deuxième nichée – poussent les femelles à l'accouplement prématurément. Cet empressement provoque parfois l'éjection des petits encore au nid. Même sans avoir pris le fautif sur le fait, je soupçonne fortement le mâle de cet acte "honteux". Je sors régulièrement les jeunes de la volière juste avant la sortie du nid des jeunes de la nichée "en cours", car le mâle, qui est loin d'être toujours mal intentionné, est un bon nourricier ; il est donc intéressant que les jeunes en profitent au maximum Je prends depuis toujours le chapitre "nourriture" très très au sérieux, car je considère que c'est de cette façon que l'on peut espérer avoir quelques jeunes sevrés chaque année dans sa volière (on dit PE : c'est-à-dire "de Propre Elevage") Donc, mes Rossignols reçoivent chaque jour, lorsqu'ils ont des jeunes à nourrir, des œufs de fourmis et des buffalos saupoudrés de Probi-Zyme (probiotique de la marque Orlux). Ils apprécient les graines germées que je disperse sur le sol de ma volière. Je jette également au sol du chènevis qui germe et qui pousse avant d'être dévoré, mais pour moi le plus important se situe au niveau de la distribution de la Pâtée CéDé Lori Food, du Nutribird C19 et du grit. A partir du 6e jour qui suit l'éclosion, j'ajoute au menu habituel de la pâtée grasse pour grandes perruches, de la pomme 'Golden', de la brioche vitaminée avec Omniform Oropharma, sans oublier les traditionnels vers de farine en mue (de couleur blanche, car ils sont à ce moment là dépourvus de la terrible chitine ô combien indigeste). Les vitamines sont indispensables pendant la croissance des jeunes. De la naissance jusqu'à la sortie du nid, je distribue Omniform Oropharma à haute dose, c'est-à-dire 50 gouttes pour 25 ml. À noter que mes besoins en vers de farine et mes buffalos proviennent partiellement de mon élevage d'insectes. J'achète bien évidemment le complément nécessaire dans le commerce belge à des prix intéressants (c'est l'avantage d'habiter le Pas-de-Calais !). Les fruits ne manquent jamais : oranges, pommes, poires, raisins, framboises, groseilles rouges et noires. Ils ont droit également à de la carotte râpée. La période de mue intervient à l'approche du mois d'août, les couleurs définitives s'accentuent au fil du temps avec l'aide de vitamines (l'oiseau doit être aidé pendant ce laps de temps difficile pour son organisme). Pendant les cinq jours suivant l'éclosion des jeunes, il est nécessaire de forcer sur la nourriture animale, mais de diminuer la ration progressivement, de façon à ce que les parents donnent autre chose aux jeunes. Parmi les comportements particuliers, j'ai remarqué que le stade critique se situe à partir du 3e jour qui suit la sortie du nid. Il y a un risque d'abandon des jeunes, qui vont alors mourir de faim. À ce jour, j'ai conservé l'ensemble de mes derniers jeunes dans mon élevage afin de former une souche de ces oiseaux que j'aime beaucoup. J'ai également fait participer mes oiseaux à plusieurs expositions avec des résultats très satisfaisants : - Championnat de France : 91, 89, 88 points - Championnat du Monde 2002 à Ypres (Belgique) avec 90 et 89 points. La prochaine saison d'élevage va arriver à grands pas maintenant. Avec mes 5 couples de Rossignols du Japon. J'espère obtenir plusieurs jeunes aussi beaux que ceux obtenus en 2001 (j'ai également 1 mâle en réserve'). Comme dans tous les élevages, mes oiseaux sont de temps en temps dérangés par chats, souris et rats. Pour me débarrasser des souris notamment je procède de la façon suivante : je prends une bouteille en plastique que je remplis d'un tiers de couscous qui a été auparavant mélangé à du poison de marque "Caïd". Cette bouteille couchée au sol permet aux souris de rentrer et sortir sans éparpiller le poison un peu partout. De cette façon, j'élimine les risques d'empoisonnement pour mes oiseaux. Pour les soins que je promulgue à mes oiseaux, je dispose d'une pharmacie dans laquelle on peut trouver : Spartix (1), Coccilyse (2) pour soigner la coccidiose, et aussi Probi-Zyme que je saupoudre sur les œufs de fourmis et les buffalos. Après beaucoup d'observations et de réflexions, je constate que mes résultats – au vu du nombre de jeunes obtenus – se sont sensiblement améliorés au fil des ans. Il faut avoir un peu de recul pour s'améliorer car on apprend chaque jour. Il m'a fallu de nombreuses années pour réussir avec les Rossignols du Japon, car j'ai dû tout apprendre sur le terrain, et aucun livre ne donne la recette de la réussite !!! Pour moi, c'est l'expérience (observations) et l'opiniâtreté qui conduisent au succès. L'élevage de cet oiseau ne peut pas être conseillé aux débutants. Il est beaucoup trop astreignant ! De plus il faut terriblement "s'accrocher" car on rencontre beaucoup de déboires : on croit avoir réussi aujourd'hui, et demain tout peut être remis en question !!! Il n'est pas indispensable d'avoir des oiseaux jeunes pour commencer une expérience, par contre il faut avoir de l'espace à leur offrir, du calme aussi. La chaleur n'est pas indispensable. Pour tout renseignement complémentaire sur l'entretien et l'élevage de ces beaux oiseaux, vous pouvez m'envoyer un e-mail. NOTES SUR LES PRODUITS UTILISÉS : (1) je casse le comprimé en 4, et je donne un des morceaux dans le bec pour 20 jours de traitement. Le traitement de la trichomonose s'effectue avec cette spécialité particulièrement innovante. (2) à hauteur de 6 gouttes pendant 4 jours pour une petite buvette de 100 ml. Produits MOUREAU de Chantilly 95270 LUZARCHES Texte de Bernard GRANDIN et Pierre NECTOUX
Article publié en 2002
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