 LE ROSELIN À LONGUE QUEUE (Uragus sibiricus)
ou BOUVREUIL À LONGUE QUEUE, ou URAGUE DE SIBÉRIE
Notes tirées du cahier d'élevage de Marcel CONTASSOT, avec un texte de Pierre NECTOUX
Mâle Roselin à longue queue - Elevage : Aldo De Faveri - Photo : Pierre Malburet
51e Championnat Mondial d'Ornithologie COM (Amiens, France - Janvier 2003)
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SUITE DE L'EXPÉRIENCE D'ÉLEVAGE DE MARCEL CONTASSOT...
Je glisse donc 2 œufs factices de couleur verte à côté de deux œufs pondus par la femelle Moineau du Japon : aucune réaction négative, les parents continuent de couver comme par le passé (première étape franchie avec succès).
Maintenant, je leur donne deux fois par jour des vers de farine blancs (en mue) .... qui sont aussitôt mangés (la deuxième étape est concluante).
Le lundi 1er juillet : premier œuf ! La femelle Bouvreuil semble couver immédiatement car je l'observe souvent au nid (comportement différent de la première ponte : pourquoi ? Je n'ai pas la réponse).
Le moment crucial n'est plus très loin : dois-je confier les œufs des Bouvreuils aux Moineaux du Japon ?
Je suis très tenté, d'autant que le petit nourri à la main mange de la pâtée à l'œuf avec des graines trempées ; ce menu semble parfaitement lui convenir puisque sa forme est au beau fixe !
Le 2 juillet 2002 : le deuxième œuf est pondu. Après ma visite, la femelle retourne tout de suite au nid.
Le 4 juillet, le nid est occupé par 4 œufs magnifiques. La femelle couve avec assiduité, le premier jeune se porte bien !
Ca y est, ma décision est prise : le transfert des 4 œufs de Bouvreuil dans le nid des Moineaux de Japon est effectué à 10 heures en ce jour mémorable du 16 juillet (je dépose cependant 2 œufs de mandarins afin de faire « blanc » au fond du nid des moineaux du Japon, et 4 œufs en plastique vert dans le nid des Bouvreuils).
À 21 h 15, je constate que tout le monde couve consciencieusement. En rentrant à la maison, assez content et confiant, je pense au fond de moi-même « bonne nuit, les petits ».
Le lendemain,17 juillet, 4 petits sont nés, mais il ne sont pas nourris par les parents adoptifs !!!
Il n'y a pas de temps à perdre car les jeunes moineaux sont nourris, ce qui veut dire que les moineaux n'acceptent pas de nourrir les Bouvreuils à longue queue : assez exceptionnel pour des « esclaves » réquisitionnés très souvent pour élever bon nombre d'oiseaux divers.
Je n'ai donc pas le choix ! Je rends aux Bouvreuils leur progéniture .... Cette opération s'effectue à l'aide d'une cuillère à café, sous le contrôle des parents.
Par une petite lucarne prévue pour observer discrètement (voir sans être vu) ce qui se passe à l'intérieur de la volière, je constate que la femelle saute sur le bord du nid, appelle le mâle, regarde à gauche et à droite et se pose sur les oisillons sans attendre. Ouf !!!!
Malheureusement, toujours le même problème : les petits ne sont pas nourris ! Que veut dire cette scène ?
Je m'interroge : Est-ce le mâle qui s'oppose ou qui refuse de participer ? Aurait-il dû répondre à l'appel de la femelle et venir la nourrir, alors qu'elle avait regagné le nid ? Est-ce ma nourriture qui ne convient pas ? Manque-t-il quelque chose d'important dans leur repas ?
Je patiente deux jours avec une grande inquiétude !
Et comme on dit souvent, « ce qui devait arriver arriva » : trois petits sont retrouvés morts !
Seul le quatrième, un peu nourri, n'est pas mort. Je prends cet oisillon, le réchauffe dans mes mains en soufflant dessus et le glisse dans le nid des Moineaux du Japon qui l'adoptent sans problème... mais sans le nourrir !!!
À partir du 19 juillet, je le laisse sous ses parents adoptifs qui le tiennent au chaud, mais c'est moi qui le nourris toutes les heures, de 6h 30 à 20 h 30 : que d'allers et retours pour faire le trajet « maison - fond du jardin » où se trouvent mes volières !
L'aîné des Bouvreuils est maintenant emplumé en ce jour du 29 juillet. Fatigué de faire tous ces voyages (il fait 34°C à l'ombre !), j'installe le petit dernier à la maison, dans la petite cage qui m'a servi à élever son grand frère.
Le soir du 31 juillet, le petit m'a adopté et dort maintenant au chaud à la maison. J'additionne de petites graines à la pâtée.
Depuis peu je m'aperçois que la mère à un nouveau comportement : elle cherche, observe, va et vient et le mâle chante.
Je remets pour la troisième fois cette année, le nid à sa place habituelle le 28 et, le 31 juillet, il est déjà garni. La saison est maintenant bien avancée, ce qui me permet de ramasser chaque matin des graines mi-mûres dont ils se régalent.
Une troisième nichée est-elle possible ?
Si « oui », je mettrai de nouveau les petits sous un couple de moineaux du Japon qui « couve » des œufs bleus factices et les nourrirai dès l'éclosion : encore faut-il que d'autres oisillons naissent.
Il est indispensable que je fasse le point sur la pâtée à distribuer en substitution des insectes habituellement reçus par les nouveau-nés (pourcentage de protéines à évaluer avec précision).
Ceci ne m'affole pas pour l'instant, car j'ai une idée sur la question, à moins que les parents, avec toutes les graines mi-mûres que je dépose dans leur volière, ne se décident enfin à nourrir leur progéniture (ce que j'ai vu faire en 1999 avec un autre couple).
Je dois avouer que malgré ma grande passion pour cette espèce d'oiseaux, je suis un peu fatigué par le rythme imposé, mais élever plusieurs petits ne sera pas plus astreignant que d'en élever un seul.
Mais pour l'instant, tout ceci n'est que de la prospective !!!
Ma visite du 1er août me permet de découvrir le premier œuf de la troisième ponte !!!!
Je n'ai jamais lu, ni entendu dire, que trois pontes en volière avait été signalées pour cette espèce d'oiseaux.
La surprise est agréable ! J'attends avec sérénité la suite des événements, notamment de vérifier que les œufs sont fécondés, car la mue guette mes Bouvreuils, et la mue a pour effet de donner des œufs clairs.
Pour cette troisième nichée, il n'y a que trois œufs. La femelle, comme précédemment, est très « coopérative » lors de ma visite journalière de son nid.
Pour ne pas fatiguer exagérément cette dernière, je confie sans plus attendre les 3 œufs au couple de Moineaux du Japon (on est le 5 août 2002 à 9 h30).
La prochaine échéance (je veux parler des éclosions) est donc pour le 18 août.
Néanmoins, pour assurer l'avenir, je continue à donner des herbes sauvages aux parents dans l'hypothèse où je pourrais redonner les jeunes aux parents.
La femelle Bouvreuil continue de couver très assidûment les oeufs factices.
Le jeudi 8 août, le 1er jeune élevé à la main par mes soins (l'aîné donc) est installé dans une cage plus grande (longueur 520 cm, largeur 310 cm, pour une hauteur de 450 cm) sans aucun problème ou presque, puisqu'il s'est empressé de prendre un bon bain, qui s'est terminé par une séance de séchoir car il ne pouvait plus voler !
Le couple reproducteur apprécie beaucoup les vers de farine en mue (30 par jour).
Le second petit est nourri à la main jusqu'à 12 h 30.
À 15 heures, je lui fais quitter la nursery pour une cage plus spacieuse. Après avoir fait sa toilette, il mange de la pâtée (jusqu'à maintenant donnée à la main) trouvée dans un petit godet.
Le soir, vers 19 h 30, il mange des petites graines (navette + niger + graines spéciales bouvreuil) que je lui ai posées sur le fond de la cage avec du gravier.
Il est 21 h 30, les deux frères dorment sur le même perchoir, situé en haut de leur cage. A noter que je considère le deuxième jeune sevré puisque je n'ai plus à le nourrir à la main et qu'il est parfaitement gavé !
Le 17 août, alors qu'il fait très chaud depuis 4 jours (33°C), deux jeunes de la troisième ponte éclosent vers 10 heures sous les moineaux du Japon.
À 12 heures, je passe un nouveau-né à sa mère, après avoir enlevé un œuf factice. Elle l'adopte sans problème tout de suite. Vers 13 h 30, je soulève la mère pour constater que tout va bien.
Le frère qui est resté sous les moineaux du Japon est très vif, mais je suis toujours obligé de le nourrir à la main avec un mélange spécial (protéines 22%, lipides 7% + phosphore + calcium). Je lui octroie seulement une petite ration, de peur de le tuer en l'étouffant.
À 16 heures le repas du midi est digéré. Une nouvelle dose est distribuée à chacun. Opération très délicate, car pour être sûr de bien viser le bec, je les prends dans la main (ils n'ont que 6 heures).
À 18 heures, dernier service ! J'ai peur de trop leur en donner pour leur premier jour d'existence.
À 21 heures, dernière visite de l'extérieur : chaque femelle est sur le nid !
Dès le lendemain matin (7 h 30), je commence mes séances de nourrissage qui sont programmées toutes les heures (laps de temps nécessaire pour que la digestion soit terminée). Le petit couvé par les moineaux du Japon, est plus gros et plus gourmand que son frère placé sous sa mère génitale.
A 10 h 30, le plus petit a mangé plus que d'habitude, mais à partir de 12 h je constate des difficultés de digestion. Je diminue le % de protéines et rajoute du Florissima avant de leur imposer une diète de 4 heures.
À 20 h 30, les petits réclament de nouveau : c'est bon signe, mais rien n'est gagné !
Le 19 août, je constate à 7 heures que les petits sont morts : tout est digéré, mais le transit intestinal n'est pas fait ...... !
Pour quelle(s) raison(s) ?
Je suis déçu, certes ! mais je ne m'avoue pas battu, car je vais en chercher la raison. Beau challenge, n'est-ce pas ?
Je me pose déjà pas mal de questions :
- La salive des parents est-elle indispensable dans les jours qui suivent l'éclosion ?
- La nourriture distribuée par mes soins convient-elle parfaitement ?
- Les parents sont-ils granivores ou insectivores après l'éclosion ?
- Les graines mi-mûres ne sont-elles pas indispensables dès les premiers jours ?
- Etc...
Je lance donc un appel à tous les éleveurs qui pourraient me donner quelques informations au sujet de l'élevage des Bouvreuils à longue queue (nourriture ou parents d'adoption).
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