![]() Expérience d'élevage d'
![]() ![]() Femelle brune à gauche, mâle de type sauvage à droite Photo et élevage : ![]() CLIQUEZ SUR LA PHOTO POUR L'AGRANDIR Cela fait de nombreuses années que je connaissais l'existence du Diamant à longue queue à bec jaune, d'après des photos et articles parus dans des livres sur les oiseaux, ainsi que dans la presse spécialisée. Dans les années 1990, des juges et éleveurs d'oiseaux exotiques ont tiré la sonnette d'alarme à propos de cette espèce : réputée moins facile à reproduire que le Diamant à longue que de Heck (Poephila acuticauda hecki, sous-espèce dont le bec est rouge vif), elle a été croisée avec ce dernier, produisant des oiseaux intermédiaires au bec orangé ou même bicolore qui étaient, bien sûr, pénalisés en concours comme oiseaux fautifs par rapport au standard des deux sous-espèces. Mais, fait plus grave encore, les Diamants à longue queue à bec jaune "purs" ont commencé à se raréfier, jusqu'à devenir très rares dans le commerce et les expositions. Lorsqu'un éleveur m'a fait part de sa recherche de femelles pour perpétuer sa souche, j'ai découvert que parmi mes connaissances, plusieurs étaient dans le même cas : après quelques aléas comme il en arrive dans tout élevage, et parfois aussi après avoir cédé trop d'oiseaux dans les années fastes, plusieurs éleveurs se retrouvaient avec seulement deux mâles et, au mieux, une femelle trop âgée pour se reproduire. Certains m'ont indiqué que le sex ratio des Diamants à longue queue était, de plus, très déséquilibré, avec beaucoup plus de mâles que de femelles dans les nichées. Tous ces éléments ont conduit à l'extinction de plusieurs souches chez de bons éleveurs : quel dommage ! Et aujourd'hui, débuter avec cette espèce n'est pas chose facile : où trouver des reproducteurs de bon standard, assez jeunes, et non consanguins ? Quelques éleveurs aux Pays-Bas et en Allemagne semblent avoir des souches viables de ces oiseaux, mais comment les contacter ? Toujours est-il que ces jolis oiseaux ont commencé à trotter dans ma tête : à chaque visite dans un magasin d'oiseaux, je cherchais s'il y avait quelques Diamants à longue queue à bec jaune, le plus souvent sans succès. Fin mars 2002, je me trouve en Belgique chez un grossiste en oiseaux dont le sérieux est exemplaire quant à la tenue des locaux et les soins aux oiseaux. Dans une cage où diverses espèces sont mélangées, je vois trois Diamants à longue queue à bec jaune au milieu d'une majorité de Heck à bec rouge, vendus pour une somme très raisonnable (environ 2,5 fois moins cher qu'en France) : je demande à les voir séparément des autres dans de petites cages de présentation. L'un des oiseaux est assez costaud, avec une grande bavette noire, il s'agit manifestement d'un mâle. Les deux autres sont des mutations brunes, de silhouette plus fine, je pense qu'il y a au moins une femelle vu la petite bavette en forme de goutte, et l'autre oiseau a le cou un peu déplumé, ce qui me fait douter de son sexe. Ravie de ma trouvaille, je repars avec les trois oiseaux, dans l'espoir de former un couple reproducteur. Une fois à la maison, j'examine en détail mes nouveaux pensionnaires : quelle désillusion ! - Les trois oiseaux ont le bec légèrement orangé, surtout les deux mutations brunes, indiquant un mélange plus ou moins ancien avec le Diamant à longue queue de Heck. - Le mâle a les pattes vermillon, indiquant là aussi un caractère non conforme au standard qui dit que "les pattes du Diamant à longue queue acuticauda sont couleur chair et celles du Diamant à longue queue de Heck sont rouges"... Je soupçonne un mélange des sous-espèces, là aussi ! - Le mâle a les pattes toutes crottées ; un nettoyage minutieux révèle plusieurs ongles manquants. - Le mâle a une bague verte millésimée 2000 (Belgique) et les autres une bague dorée millésimée 1999 (Pays-Bas) : ces oiseaux ont eu manifestement un passé plus ou moins glorieux chez d'autres éleveurs, pourquoi s'en sont-ils débarrassés ? - Le mâle semble attiré par la femelle brune, mais le 3e oiseau les sépare, tout en se faisant déplumer la tête par la femelle (qui doit être sa soeur). ![]() Femelle brune à gauche, mâle de type sauvage à droite Photo et élevage : ![]() CLIQUEZ SUR LA PHOTO POUR L'AGRANDIR Toutes ces observations ruinent mon espoir de placer ces oiseaux chez des amis éleveurs, ce qui était mon objectif premier car je n'élève pas de Diamants australiens, ayant suffisamment de travail avec tous mes Astrilds, et peu de place pour de nouvelles cages... Je propose donc ces oiseaux à un particulier cherchant des oiseaux de compagnie, sans considération du standard. Malheureusement la transaction n'aboutit pas, et me voilà avec trois Diamants "bâtards" sur les bras, très mignons malgré tout, et qui méritent tout de même les mêmes soins que les autres oiseaux... Comme d'habitude, on pousse les murs pour faire un peu de place, le couple est isolé dans une cage métallique de 70 cm x 50 cm x 38 cm environ, et l'oiseau supplémentaire, qui s'avère être une femelle, est mis dans une cage peuplée de divers oiseaux de taille similaire ou légèrement inférieure. L'été se passe sans changement majeur, chacun vit sa vie dans sa cage, et dans mon esprit germe une idée saugrenue : "pourrait-on sélectionner les jeunes issus de ce couple pour obtenir de beaux Diamant à longue queue à bec jaune" ? Je parle de cela avec différents éleveurs. Les réponses sont variées, illustrant bien le dilemme : d'une part "il faut vite te débarrasser de ces oiseaux, tu vas perdre des années d'élevage à faire cette sélection hasardeuse" ; d'autre part "ces oiseaux sont tellement rares, tu dois bien pouvoir en tirer quelque chose, mais il faudra faire un tri sévère en suivant le standard"... En fin d'été, un nid extérieur en métal avec coupe "pour canaris" est accroché à une porte de la cage. Le mâle mettra un bon mois pour construire un nid : les oiseaux ne sont pas prêts. Il est vrai que beaucoup de Diamants australiens sont mis en reproduction en automne-hiver... Donc le mâle finit par former un nid en forme de boule en fibre de coco dans la structure externe métallique et la femelle y dépose 5 œufs blancs, nettement plus gros que les œufs de mes Bengalis ! Le couple couve environ deux semaines, souvent ensemble. Vers la mi-septembre, trois oisillons éclosent... et sont immédiatement abandonnés par les parents ! Serait-ce le symptôme légendaire des "diamants mauvais parents" dont on entend si souvent parler ? Je préfère chercher la raison de cet abandon, plutôt que me résoudre à une attitude fataliste. C'est la première couvée : ils ont droit à l'erreur... Le nid était orienté vers la porte de la pièce, donc exposé à de nombreuses allées et venues qui ont pu déplaire aux parents. Et la nourriture... Un oisillon est déjà mort mais deux sont encore vivants le soir de l'éclosion. Mon compagnon et moi décidons de tenter de les sauver en les nourrissant à la main avec de la bouillie d'élevage. Je rappelle que chez nous, les Moineaux du Japon n'ont pas droit de cité... Nous nous lançons donc dans des préparatifs tenant beaucoup du "système D" ! Nous n'avons aucune expérience réussie d'élevage à la main de petits exotiques, mais beaucoup d'espoir et d'enthousiasme. Je prépare une bouillie constituée de : - une cuillerée à café de bouillie d'élevage CéDé Lori Food - une pointe de couteau de probiotiques Aves Probiotics - une pointe de couteau de protéines en poudre Protein 90 - une pointe de couteau de poudre multivitaminée Aves Mix25 Cette poudre est délayée lentement avec de l'eau minérale chaude dans un petit pot en verre (pot de flan), puis mise au bain-marie dans une casserole partiellement remplie d'eau chaude. La bouillie gonfle beaucoup au début, il faut rajouter un peu d'eau, mais pas trop pour ne pas obtenir un liquide. Le mélange doit rester crémeux et chaud. Mais comment faire absorber cette bouillie à des oisillons aussi minuscules ? Même l'extrémité d'une seringue à insuline de 1 ml (sans aiguille bien sûr) n'entre pas dans leur bec. Je tente de distribuer de petites particules de bouillie à l'aide d'une allumette à l'extrémité arrondie : le plus petit oisillon avale de travers et rend l'âme dans la minute qui suit : ça commence mal ! Finalement, nous vidons de son contenu une unidose de collyre que nous faisons bouillir quelques minutes pour la nettoyer. Nous nous en servons pour pomper la bouillie, puis pour la restituer à l'oisillon survivant, qui ouvre un grand bec affamé. Ce procédé nous permet de nourrir ce petit être pendant une semaine où nous observons une croissance régulière mais nettement moins rapide qu'avec un oiseau nourri par ses parents : il y a un défaut quelque part, mais où ? Hélas, au bout de 7 jours, un blocage du jabot emporte notre petit protégé. L'élevage à la main d'oisillons aussi minuscules à partir du premier jour est vraiment un travail difficile et délicat. Les parents Diamants à longue queue reçoivent alors un nouveau nichoir-boîte en matière plastique blanche, accroché à une porte de la cage située dans un endroit plus tranquille (pas en face de la porte de la pièce !). En deux jours, le nid est fait. Six œufs sont pondus, et bien couvés par les deux parents très consciencieux. La date de l'éclosion approche : le 15 octobre, je soulève le couvercle du nid et je vois un premier oisillon qui dodeline de la tête pour réclamer à manger. Quatre autres écloront les deux jours suivants, le 6e embryon étant mort en coquille. A partir de ce moment-là, le couple reçoit chaque jour dans un ramequin plat (moule à crumble) la nourriture d'élevage suivante : - une cuillerée à soupe de pâtée d'élevage aux œufs - une cuillerée à soupe de pâtée insectivore - une cuillerée à soupe de pinkies décongelés - une cuillerée à soupe de graines germées (exemptes de moisissures) Les premiers jours, la quantité consommée était bien sûr inférieure, mais dès l'âge de 5-6 jours, les cinq jeunes grossissaient à une vitesse étonnante et engloutissaient avidement toutes les becquées apportées sans relâche par les parents. ![]() Juvénile à la sortie du nid Photo et élevage : ![]() Les trois plus gros oisillons ont été bagués le 22 octobre avec des bagues de diamètre 2,5 mm. Les deux plus petits l'ont été le lendemain, mais ils ont perdu leurs bagues. A mon retour de vacances le 28 octobre, je me suis empressée de les baguer à nouveau ; le plus petit a reçu sa bague initiale de 2,5 mm, mais l'autre a dû recevoir une bague de 2,7 mm car sa patte était déjà trop grosse. ![]() Deux jeunes Diamants à longue queue âgés de 22 jours environ Photo et élevage : ![]() Du 6 au 9 novembre, les jeunes Diamants, au bec encore noir, ont fait timidement leurs premières sorties dans la cage. Ils ont été sevrés fin novembre, profitant de la disponibilité de leurs parents pour réclamer des becquées le plus longtemps possible. J'ai enlevé le nid pour éviter une nouvelle nichée afin de ne pas fatiguer les parents. Le bec a commencé à changer de couleur en décembre : suspense !!! Sera-t-il bien jaune ou légèrement orangé ? Aujourd'hui, début février, certains des jeunes ont le bec un peu trop "jaune d'or" tandis que d'autres ont une couleur plus proche du standard. Mais le progrès par rapport aux parents me semble remarquable. Il faudra attendre qu'ils aient 8 mois pour voir les couleurs définitives. En attendant, je suis certaine qu'il y a 3 mâles et 1 femelle. Quant au dernier, je ne l'ai pas encore entendu gazouiller, mais il est un peu différent de sa sœur. Nous verrons ! Après une seconde nichée tout aussi réussie (6 jeunes), les oiseaux issus de ce couple se sont avérés assez éloignés du standard (bec légèrement orangé).
Je n'élève plus cette espèce actuellement, mais j'encourage tous ceux qui peuvent trouver des couples disponibles, au bec bien jaune, à élever cette espèce si attachante. Article publié le 6 février 2003
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