LE GOBEMOUCHE SUNDARA (Niltava sundara)
ou Gobemouche à ventre roux, ou Niltava sundara
Texte et élevage : Marc Bumb - Présentation : Pierre Nectoux


Extrait de mon carnet d'élevage :
J'ai acheté mon premier mâle sur un coup de cœur ! Mais il m'a fallu attendre deux ans pour trouver une femelle. Hélas une fois réunis, le mâle a disparu par accident au bout d'un mois.

La femelle célibataire se mit malgré tout à construire un nid et pondit la seconde année !

Encouragé par ce comportement, je m'enquis de retrouver un mâle. L'oiseleur local chez qui j'avais l'habitude de me procurer quelques oiseaux avait fermé son magasin entre temps, et ce n'est que grâce à un réseau d'éleveurs proche de la frontière belge et à une aimable proposition de transport, que je pus accueillir enfin un nouveau mâle en janvier 1995.

La saison d'élevage pouvait alors commencer.

20 janvier : Arrivée du mâle. Je le garde au chaud à l'intérieur, par prudence. La femelle passe la journée dehors et préfère rentrer dans la serre uniquement le soir.

6 février : Je pose la cage dans laquelle le mâle observe toujours sa quarantaine dans la serre entre 12 et 16 heures. La femelle se perche sur la cage immédiatement, avec des appels secs et des flexions de pattes. Elle fait pivoter lentement sa queue de droite à gauche en position basse. Le mâle semble ignorer son manège, mais chante discrètement quand elle s'éloigne.

Du 7 au 23 février : Je continue la présentation des "futurs époux". Je remarque que le mâle chante plus distinctement quand il est seul dans la maison. La femelle lance des sifflements longs et monocordes, surtout en début de matinée.

3 mars : Je lâche le mâle dans la serre.

Du 3 mars au 23 avril : Les deux oiseaux semblent s'ignorer. Ils ne se tolèrent pas sur le même perchoir, se disputent la nourriture.

22 avril : J'aperçois la femelle charrier des brindilles. Elle commence l'édification d' un nid dans la même boite que la saison précédente, alors qu'elle était seule.
C'est un nichoir type moineau du japon (boîte à lettres), accroché à 2,80 m du sol dans un recoin sombre, derrière un rideau de plantes grimpantes (Manetia et Stephanotis).

Nid et ponte de Gobemouche sundara
Nid et ponte de Gobemouche sundara - Photo et élevage : Marc Bumb
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Entre le 23 et le 27 avril : La femelle remplit le nichoir de feuilles sèches, de fibres de coco, et de mouron sec.
Le nid en forme de coupe ouverte, déborde de brins divers, le mâle ne participe que très peu à la construction. Je l'ai surpris avec des brins au bec, mais jamais rapporter ces éléments au nid. Quand la femelle ne construit pas, elle reste immobile, redressée, les ailes basses et frémissantes, les flancs gonflés, et la queue battant sur l'air d'un tempo lent et s'ouvrant en éventail, invitation manifeste à l'accouplement.
Mais le mâle ne réagit pas ...

29 avril : Le mâle s' approche du nid , se perche devant, mais s'enfuit à l'approche de la femelle. Elle consomme à ce moment là énormément de cloportes. Pour lui procurer l'occasion de débusquer ses proies, je déplace souvent des carreaux de terre cuite, posés au sol intentionnellement.

2 mai : EUREKA ! Un oeuf pondu. Il est long, pointu, crème piqué de rouille sur le gros bout.

6 mai : La femelle s'est attardée de plus en plus longtemps au nid. A mon deuxième contrôle je compte 3 oeufs au fond du nid.

7 mai : C'est le début de la couvaison qui commence avec 4 ¦ufs.
Le niveau des matériaux dans le nid permet à la femelle d'observer les alentours tout en couvant tranquillement. Son dos affleure, elle est presque invisible.

12 mai : Je me décide de mirer les ¦ufs après 5 jours de couvaison : heureuse surprise car les quatre sont fécondés.
Désormais la femelle ne quitte le nid pour manger ce que je rapporte du jardin (perces-oreilles, cloportes ...) et pour se délasser dans le bain , offert deux fois par jour minimum.
Le mâle est attentif, plus bruyant que d'habitude, et aussi plus agressif lorsque la femelle est hors du nid.

19 mai : Nous voici maintenant au douzième jour de couvaison : c'est l'éclosion des ¦ufs ! Je remarque que les coquilles sont évacuées à l'autre extrémité de la serre. (ceci n'est certainement pas dû au hasard !!!). Le mâle débute immédiatement le nourrissage des jeunes à chaque sortie de la femelle ( vers de farine et asticots vifs ou bouillis ).

Oisillons Gobemouche sundara âgés de 3 jours
Oisillons Gobemouche sundara âgés de 3 jours - Photo et élevage : Marc Bumb
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24 mai : Je bague trois petits qui ont donc cinq jours, en 2,9 mm, Ils commencent déjà à ouvrir les yeux. Les parents nourrissent toujours avec des cloportes, vers de farine, perces oreilles, pomme et insectes séchés.

28 mai : Le nid est dans un état de propreté exem-plaire, la femelle évacue les fèces des oisillons sans délais. ..... elle les consomment même de temps en temps !!!!

29 mai : C'est une mauvaise journée qui commence : chute du nid ( mauvaise fixation de l'éleveur et grosse frayeur !) je remets le nid en place .... et le nourrissage reprend aussitôt ... ouf ! Les jeunes plumes apparaissent, deux oisillons sont de couleurs brunes. Les yeux sont grands ouverts, et le bec ourlé de jaune.

30 mai : Nous voici à présent au onzième jour : les plumes du dos ont beaucoup poussé. Je confirme que deux jeunes sont brun, le troisième est doré. Les jeunes claquent du bec, les parents rouspètent avec des sons de crécelle. Ce sera ma dernière visite, de peur de créer une sortie anticipée des jeunes qui serait à coup sûr catastrophique.

31 mai : La femelle semble se désintéresser du nid et abandonner la nichée ! Elle prépare un nouveau nid plus loin, toujours dans un nichoir semi ouvert, mais plus bas, à 1,60m du sol, derrière un séneçon grimpant. Parfait pour que je puisse les admirer et les observer ! Le mâle promène maintenant de belles brochettes de proies diverses en travers du bec pour satisfaire ses petits affamés.

2 juin : C'est la première sortie du nid avec une ultime confirmation concernant les deux couleurs différentes (brun et doré).
Le mâle et femelle nourrissent les petits au sol, ils sautillent dans l'herbe et restent en contact entre eux par deux appels répétés.

Gobemouche
Oisillon Gobemouche sundara âgé de 20 jours - Photo et élevage : Marc Bumb
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3 juin : Je suis un peu inquiet car un petit présente un peu de sang à la base du bec.

4 juin : Ce même petit n'appelle plus, il ne réclame plus de nourriture, ses yeux sont clos... il meurt quelques heures plus tard !
Je l'autopsie, mais ne découvre rien au niveau des organes, peut-être la pointe du foie un peu blanchâtre ... Une petite hémorragie est présente entre les deux yeux.
A-t-il été attaqué par un autre habitant de la serre ?
A partir de maintenant je réduis un peu les asticots et les vers de farine, et "passe'" tout le monde à la choline.
Les deux autres commencent à diriger leur vol . La queue pointe. Je conserve l'espoir de pouvoir les sevrer sans embûche !

5 juin : La femelle pond son quatrième oeuf et débute la seconde couvée. Par précaution je traite le nid au Carbyl. Le mâle nourrit avec ardeur les deux petits dont il a la charge à présent.

7 juin : C'est le drame !!!!
Les deux jeunes meurent subitement. L'autopsie, pratiquée cette fois par le vétérinaire, ne permet pas de déceler les causes de cette mort rapide.

J'avais cependant surpris le mâle essayant de nourrir les deux jeunes en train de frapper les deux jeunes avec son bec garni d'insectes. Mais ces coups répétés à la base du bec des jeunes ne suffisaient pas pour déclencher leur ouverture de ceux-ci ... et tout en appelant, les jeunes refusaient le nourrissage... ???

Est-ce la cause de l'hémorragie entre les yeux... mais pourquoi ne mangeaient-ils plus ?

Je contacte alors un éleveur expérimenté dans l'élevage d'insectivores, et en Niltava en particulier : je parle de Monsieur Védié (je profite d'ailleurs de l'occasion pour remercier tous les éleveurs qui publient leurs expériences dans les revues ou sur Internet maintenant, car ils apportent de précieuses pistes aux néophytes ! ).

Celui-ci me conseille donc l'usage des teignes de ruche dès les premiers jours qui suivent l'éclosion. j'ignore toujours la cause de la mortalité des mes oiseaux âgés de 15 jours.





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