LE YUHINA A DIADÈME (Yuhina diademata)


Elevage : Xavier Delivertoux
Texte de Pierre Nectoux et Xavier Delivertoux


L'élevage d'oiseaux de cage et de volière a toujours fait partie de ma vie, de mes passions. Elle m'a été transmise tout naturellement par la fibre familiale. J'ai commencé comme la plupart des éleveurs par les canaris, les perruches et les petits africains avant de partir dans une autre aventure avec les diamants océaniens et australiens, puis les insectivores asiatiques et africains.

J'habite actuellement une ancienne ferme rénovée située dans l'Est de la France (Haute-Saône), là où les hivers sont de vrais hivers (froids et secs) ! Je m'efforce toujours d'avoir un maximum de contacts avec les éleveurs qui "jouent dans la même cour que moi", c'est-à-dire qui cherchent avant tout à faire progresser notre hobby grâce à des échanges désintéressés (idées, astuces, oiseaux) et qui prennent un peu de temps sur leurs loisirs pour nous faire part de leur expérience concrète d'élevage.

Le récit de ce qu'ils ont observé dans leur volière... pas ce qui est "pompé" dans des bouquins quelconques, comme cela existe encore sous la plume de certains "responsables".

Je suis adhérent au club C.O.T.B.

Yuhina à diadème
Yuhina à diadème adulte - Photo :  - Championnat national des Pays-Bas "Vogel 2002"
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C'est en janvier 1999 que je trouve enfin chez mon "fournisseur" habituel des Yuhinas a diadème. Cet importateur vient de recevoir quatre oiseaux de cette espèce. Ils sont présentés dans son magasin. Il y a bien longtemps que ces oiseaux, que je ne connais pas beaucoup, m'intéressent.

Ce jour là, tant attendu, je craque. En les observant quelques instants, je ne cessais de me dire "cette fois, je repars avec un couple". Mais comment sexer les deux partenaires qui allaient faire le chemin du retour avec moi ?

Le dimorphisme sexuel étant difficile à observer, mon choix a été fait avec "ma" logique, c'est-à-dire en sélectionnant deux oiseaux aux caractéristiques aussi différentes que possible : couleur générale, longueur de la huppe, étendue de la partie blanche située derrière l'œil, etc. L'état général des oiseaux a fait également partie de mes critères de choix (tenue, plumage, œil vif, ventre non violacé, etc.). Sauf cas très exceptionnel, il ne faut jamais acheter un oiseau ne se présentant pas de façon impeccable devant son nouveau propriétaire, qui prendra soin de les observer à distance afin de les juger sur aspect naturel (état de santé du jour J).

De retour à la maison, je me suis vite aperçu, en moins de 8 jours, que j'avais fait l'acquisition de 2 mâles. En effet cet oiseau parade très facilement... et là ça ne trompe pas (les oiseaux n'avaient hélas pas paradé le jour de mon achat, ce qui n'est pas trop étonnant) !

Je n'ai pas hésité et immédiatement, je suis retourné au magasin prendre les deux oiseaux que je n'avais pas choisi lors de ma première visite. Par chance, ils étaient encore là !

À partir de cet instant, je me trouvais donc avec 4 Yuhinas... Soit deux couples puisque mes deux derniers pensionnaires se sont avérés être deux femelles. La chance était avec moi, cette fois !

Durant leur acclimatation, mes oiseaux ont été installés dans une volière intérieure (2,00 m x 1,30 m x 1,90 m) où la température moyenne était proche de 18° C. Ayant remarqué que mes oiseaux présentaient un léger état de fatigue, je pris la précaution de leur distribuer un complément polyvitaminique et d'assurer une surveillance soutenue pour juger de leur état de santé jour après jour.

En ce qui concerne la nourriture, celle-ci était composée de pâtée universelle, vers de farine, pinkies, pomme Golden. À noter que ces oiseaux sont assez sensibles à la mue et au stress, il est donc recommandé de leur donner des vitamines du groupe B (notamment B6 et B12).

Le printemps approche, c'est pourquoi dès le 13 mars de la même année, j'installe un couple dans une grande volière plantée de 120 m3 orientée à l'est. Le lendemain, comme tout se passe bien depuis la veille, je sors mon deuxième couple dans une volière plus petite (11 m3).
Habitant une région où les étés sont courts (trop courts !), mes oiseaux sont mis en volière assez tôt de façon à ce qu'ils s'habituent rapidement à ce biotope.

C'est vers la fin mai que les mâles se sont mis à parader de façon assidue ! La présence d'autres oiseaux dans la volière (Niltava, Notodèle à queue blanche, Grive, Minla, Colombes, etc.) ne les gênant absolument pas.
C'est d'ailleurs pendant cette période que j'ai pu me faire une idée précise de la façon dont on peut différencier le sexe de ces superbes insectivores dont le dimorphisme sexuel n'est pas apparent à l'œil nu.

Le mâle lorsqu'il parade se tient à 45°, les ailes vibrent et sont écartées, la huppe est complètement couchée, l'oiseau est "à plat" et il balance la tête de droite à gauche en chantant (chant très aigu). Les mâles "parlent", "jacassent" un peu comme les perruches ondulées, pendant ce temps la queue bouge en oscillant. Par contre, lorsqu'il court après la femelle, sa huppe est ouverte. Si vous mettez deux mâles ensemble, c'est la guerre assurée la journée durant.

La femelle est plus petite. Elle a un plumage plus foncé que le mâle. Durant la parade elle a la huppe déployée contrairement au mâle.
Elle est également marron foncé (ou marron noir) par rapport au mâle qui est donc plus clair.

La période de nidification est observée d'avril à août. Le nid peut être édifié à partir d'un nid artificiel ou d'une construction naturelle servant de base.

C'est en juin 1999 que le couple placé dans la grande volière a commencé un nid dans un thuya, sur un support métallique de nid à canari. Les trois premières pontes se sont toutes soldées par un échec rapide, suite à la disparition des œufs. Mes soupçons se sont portés rapidement sur mes Rossignols du Japon, Grives orange ou autres insectivores présents dans la volière. J'ai su plus tard que les fautifs étaient les Rossignols du Japon, des récidivistes que j'ai retirés de la volière pour assurer un peu d'espoir.

Les Yuhinas, avec beaucoup d'abnégation, ont de nouveau édifié un nid dans le même thuya que précédemment. Il était situé un peu plus haut cependant (50 cm du sol). C'est la fibre de noix de coco qui a été utilisée en priorité. En règle générale, l'installation du nid se situe entre 30 cm et 1 m du sol.

La ponte a commencé le 9 juillet, soit 8 jours après la fin de la construction du nid, à raison d'un œuf par jour. Toutes les pontes se composent invariablement de 3 œufs. À partir du 12 juillet donc, la femelle et le mâle ont couvé par alternance avec un calme impressionnant : je pouvais frôler le thuya en cause, sans que personne ne bouge ! Le contrôle du nid ne pouvait pas être effectué sans pousser légèrement l'oiseau en train de couver.

Les trois œufs se sont avérés "bons", pour une éclosion constatée le 25 juillet au matin, soit une incubation de 13 jours.

Dans les premiers jours suivant l'éclosion, les parents ont fait la chasse aux insectes présents dans la volière, notamment les petites mouches. A partir du 28 juillet, ils ont commencé à donner aux jeunes des vers de farine (blancs, c'est-à-dire ceux dépourvus de chitine). Le 29 juillet, j'ai décidé de baguer les petits en 3,2 mm (on doit pouvoir se contenter du 3.0 mm pour un baguage à prévoir entre le 3e et le 5e jour suivant l'éclosion).

Les parents n'appréciant pas du tout ma démarche faisaient mine de vouloir m'agresser... mais finalement, tout s'est bien passé.
Il est absolument indispensable de ne plus toucher les jeunes après le baguage, faute de quoi vous aurez la désagréable surprise de voir ces derniers sauter hors du nid prématurément, avec tous les risques encourus dans ces circonstances.

Je n'ai pas rencontré de difficultés en ce qui concerne la nourriture à distribuer durant la croissance des oisillons : pinkies, vers de farine, teignes de ruche, mais aussi de la pomme qui ne doit jamais manquer. J'ai vu à plusieurs reprises les parents donner de la pomme à leurs jeunes (c'est incontestablement le fruit préféré, même si la poire et les petits raisins secs sont acceptés). La nourriture vivante constituée de grillons de petite taille est appréciée, tout comme la pâtée insectivore importée d'Italie. Je ne distribue pas de graines germées.

Le 3 août, je remarque que les parents amènent 4 ou 5 vers de farine à la fois aux jeunes, et c'est en permanence une course effrénée aux insectes qui ont eu l'imprudence ou l'audace de s'aventurer dans la volière. Le nid est toujours d'une propreté exemplaire grâce au ménage effectué par les parents qui éliminent les excréments tous les jours.

Un constat étonnant que je ne m'explique pas : les jeunes ont toujours le jabot vide et le gésier plein. Le jabot ne doit pas avoir les mêmes fonctions que chez les granivores.

La sortie du nid a lieu le 6 août... car le nid est vide, mais je ne trouve pas les jeunes ! Ce jour là, les orages violents me font craindre le pire. Je ne cherche pas... et j'envisage déjà le pire jusqu'au soir, où j'aperçois les 3 jeunes blottis les uns contre les autres dans un laurier. À partir de cet instant, je pense réellement qu'ils sont sauvés car avec des orages à répétition pendant plusieurs jours, même s'ils sont bien mouillés dans la journée, le soir ils sont secs. Je viens donc de réussir pour la première fois des Yuhinas a diadème ! Je suis satisfait et heureux.

À présent, les parents ont changé le menu offert à leurs jeunes car ils consomment à présent beaucoup plus de pommes, de poires et de nectar.

Cependant j'ai encore une grande frayeur, car le 9 août, un petit est sorti, il est perché sur la volière !
Le dessus de la volière est en filet, maille de 22 mm, et en grimpant après le grillage il est sorti par une maille du filet.
J'ai le temps de l'attraper et de le remettre dans le laurier avant qu'un faucon ne vienne prendre son repas !!!

Les jeunes ont changé de buisson. Ils ont pris un troène comme résidence principale et se sont installés dans le nid des Colombes lophotes, qu'ils ne quitteront plus jusqu'au sevrage.

Le sevrage se situe entre 2 et 6 mois (voire plus) car le mâle qui s'avère être bon nourricier, n'est pas du tout agressif vis-à-vis de sa progéniture. Le début de la mue varie entre 4 et 6 mois en fonction de la période de reproduction.

Les prédateurs (effraies, éperviers...) sont aux aguets, mais les Yuhinas sont blottis dans les buissons et ne bougent pas.

Les jeunes commencent à avoir leur indépendance. Ils se promènent tranquillement. Dès que j'approche, ils rentrent dans le troène pour se cacher.

Le 22 août, je les vois manger tout seuls : ils ont déjà la taille des parents.

Le mois prochain, je vais les rentrer et les préparer pour les expositions (mise en cage d'exposition afin de les habituer avant de passer devant Monsieur le Juge).

Les jeunes sont deux mâles et une femelle.

J'ai cédé une partie de mes jeunes à un éleveur avec qui j'ai gardé des contacts. Les autres sont destinés à former une souche dans mon propre élevage qui compte à ce jour deux couples reproducteurs. J'ai également participé à plusieurs concours : mes oiseaux ont obtenu de bons pointages à chaque fois.

En conclusion je peux recommander ces oiseaux aux éleveurs attirés par les insectivores. Ils sont à classer dans la catégorie des oiseaux "assez faciles" au même titre que les Rossignols du Japon et autres Mésias. Il est malgré tout nécessaire de disposer d'un espace important car le Yuhina a besoin de voler sur une distance aussi longue que possible (mon deuxième couple n'a pas reproduit dans ma petite volière, à suivre...), d'assurer un maximum de calme aux oiseaux (comme dans la plupart des cas d'ailleurs). Ils ne craignent pas du tout le froid, j'ai relevé des températures à -22°C sans conséquences pour la santé de mes Yuhinas. C'est un oiseau timide cependant, il ne faut donc pas l'obliger à cohabiter avec des perturbateurs au risque de ne jamais avoir de tentatives de reproduction.

Ils sont principalement frugivores et ils aiment bien les pâtées avec des baies.
Le point le plus crucial se situe au moment de la mue. Comme beaucoup d'oiseaux, ils ont besoin de produit polyvitaminé spécifique, pour passer ce cap où on peut les voir vraiment abattus, fatigués.

Voilà le récit d'une modeste expérience d'élevage qui permet de confirmer dans quel état d'esprit il est souhaitable de travailler :
  • unissons nos efforts et restons soudés pour progresser.
  • échangeons nos oiseaux, nos idées, nos récits d'expérience pour aider d'autres éleveurs

Ainsi nous pourrons faire fi de la polémique qui ne peut pas constituer une lecture saine et intéressante.

Nous pourrons aussi limiter l'importation, au fil des ans, de certains oiseaux qui seront un jour définitivement installés dans nos volières (l'exemple du Gould est ce qu'il y a de plus frappant).

Mais pour l'instant nous ne pouvons, hélas, pas encore suivre les recommandations de ceux qui écrivent "non à l'importation". Que l'éleveur d'insectivores qui n'a pas d'oiseaux d'importation dans ses volières lève le doigt ou que ceux qui acceptent de la publicité payante nous montrent l'exemple à suivre !

Les éleveurs qui souhaitent de plus amples renseignements peuvent me contacter par téléphone ou fax au 03 84 94 30 84 tous les jours, de 14 h à 19 h.
ELEVAGE DE Xavier DELIVERTOUX
TEXTE DE Xavier DELIVERTOUX et Pierre NECTOUX


Article publié en 2002


Vous aimeriez vous associer à un groupe d'éleveurs dynamiques passionnés par les oiseaux insectivores ?
Rendez-vous sur le site de l'AEP


Pour en savoir plus sur le Yuhina à diadème, lisez aussi l'article de Jacky Rio sur le site de la SOA



Retrouvez cet article et bien d'autres sur http://www.lavoliere.com/

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