LA MÉSANGE À TÊTE ROUSSE (Aegithalos concinnus)
D'après les notes de Marcel Contassot, mises en forme par Pierre Nectoux.


Mésange à tête rousse
Mésange à tête rousse adulte - Photo : Christiane Herbert - Elevage : Pierre Nectoux
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Expérience d'élevage de Marcel Contassot


J'habite la Bourgogne où je suis né, dans une maison de "chez nous" à laquelle une véranda est accolée.

Cette véranda a son importance en ce qui concerne mon élevage, car c'est en ce lieu que j'installe, dans une volière de 3 m2 au sol sur 2 m de hauteur, les oiseaux les plus fragiles ou ceux que je souhaite observer de près.

C'est donc là que j'installe mes trois Mésanges à tête rousse lors de leur acquisition, en 1998. C'est mon oiseleur habituel, connaissant mes goûts, qui m'a signalé leur arrivée.

J'ai effectué mon choix parmi une quinzaine d'oiseaux disponibles. Mais comme le dimorphisme sexuel est inexistant, j'ai pris trois sujets au hasard, parmi ceux qui me paraissaient les plus en forme.

Avant de détenir ces oiseaux à la maison, j'ai, comme à mon habitude, étudié très consciencieusement le comportement de ces magnifiques mésanges.

En France, voire en Europe, les Mésanges que nous connaissons sont classées dans le genre Parus pour la plupart. Or, la Mésange à longue queue n'est pas classée dans ce genre, mais dans celui de la Mésange dite "du Japon" !

Aegithalos caudatus : observations dans la nature

Ceci a éveillé mon esprit et je vais essayer de mettre en forme ce qui pourrait aider ceux qui ont, ou auront, la chance de posséder un vrai couple.

La difficulté donc pour former un couple avec ces oiseaux se situe au niveau du dimorphisme sexuel inexistant, sauf peut-être pour un scientifique ou un bon spécialiste qui a eu l'occasion de détenir au moins une dizaine de ces oiseaux, ce qui permet d'effectuer quelques comparaisons entre les différents sujets constituant le groupe.

Même avec un couple « constitué », la difficulté pour espérer une reproduction est présente quand vient le moment de reconstituer leur biotope naturel. Deux femelles ou deux mâles en volière peuvent avoir le même comportement qu'un vrai couple. J'ai eu pendant de longues années (l'une vient de mourir à plus de 6 ans) deux Mésanges à tête rousse qui, tous les soirs, se blottissaient l'une contre l'autre, sans jamais s'agresser.

Oiseaux curieux et attachants. J'avoue encore aujourd'hui ne pas savoir reconnaître un mâle d'une femelle.

Je connais bien la Mésange à longue queue (Aegithalos caudatus ) pour en avoir découvert plusieurs nids le long de la rivière , le matin très tôt, lorsque j'allais à la pêche à la truite.

Le nid est un véritable chef-d'œuvre et je vais essayer d'expliquer pourquoi en captivité, à ma connaissance, il est si difficile d'avoir de la reproduction avec cette espèce d'oiseaux.

Les sources que je vais évoquer proviennent du Tome II de l'ouvrage intitulé « Passereaux » de Paul Géroudet – un grand monsieur en ornithologie, de nationalité suisse, qui m'a permis d'apprendre beaucoup de choses, auxquelles j'ajouterai mes observations personnelles (six années avec mes Mésanges, en permanence à portée de vue, laissent forcément des traces !).

Ces oiseaux sont répandus du nord au sud de la Norvège et de la Finlande jusqu'à la Méditerranée et d'Ouest en Est de l'Atlantique à l'Oural, mais aussi en Asie jusqu'au Pacifique, en Iran et au Sud du Japon. Donc je suis affirmatif, ces deux espèces de Mésanges appartiennent bien au même genre. Cette remarque est, à mon avis très importante, car elle permet de "découvrir", par analogie avec la Mésange à longue queue, les mœurs de la Mésange à tête rousse.

À noter que Hermann a donné à notre Mésange à longue queue le nom de Aegithalos caudatus europaeus : il s'agit de la sous-espèce à tête marquée de noir que l'on trouve dans les pays tempérés d'Europe occidentale.

Dans les pays cités ci-dessus, on trouve cette Mésange avec des couleurs et des dessins différents. En Corse, on pourrait encore avoir affaire à une autre sous-espèce. Pour la Bretagne, Whistler cite Aegithalos aremoricus.

Aegithalos caudatus, notre Mésange à longue queue indigène, est un des premiers oiseaux à nicher dans l'année. Il niche dès le début mars, voire fin février, en bordure de rivière ou à une altitude de 1000 à 1800 m. Le nid est suspendu entre 2 et 6 m.

Ceux que j'ai le plaisir de découvrir – sans toucher ! – dans la vallée du Mesvrin (Saône-et-Loire) sont suspendus à une fourche de branches de saule, d'une forme oblongue de 20 cm de longueur. Le diamètre le plus long est de 10 cm. La profondeur interne de 8 à 11 cm. Quant à la texture extérieure, elle est faite de mousse serrée, recouverte de lichens servant de camouflage. L'intérieur est garni de crin et surtout de petites plumes. L'entrée circulaire de 2 cm se trouve en haut.

On pourrait prendre la courgette ou la poire comme modèle. Placé à la verticale, ce légume (ou ce fruit) aurait l'entrée en haut, et l'intérieur serait creux. La ponte comporte de 7 à 12 œufs enfouis dans les plumes. La nuit le mâle rejoint la femelle dans le nid, ainsi la déperdition de chaleur est moindre car à cette période de l'année, le froid est assez vif. J'ai eu la chance de pouvoir observer des jeunes oisillons, juste au moment de l'éclosion : ils naissent complètement nus, contrairement aux jeunes du genre Parus. L'incubation dure 12 à 14 jours. La nourriture des poussins est exclusivement constituée d'insectes ou de larves, pucerons, chenilles, araignées, coléoptères.

À quinze jours, les petits prennent leur envol et sont encore nourris par les parents pendant une quinzaine de jours, en attendant une hypothétique seconde couvée.

Il est donc difficile pour l'éleveur de reconstituer le biotope naturel de l'oiseau, et s'il y a reproduction en captivité, trouver de la nourriture appropriée à leur besoin n'est pas simple non plus.

On s'aperçoit néanmoins que les basses températures ne perturbent pas ce type d'oiseaux.

Si je raisonne de cette façon, c'est que je compare des oiseaux du même genre et ce, d'après la systématique créée par d'éminents spécialistes : à savoir, que deux oiseaux du même genre ont un patrimoine commun : une façon de se reproduire, de se nourrir, etc.

Je crois en la science d'autant que mes examens et mes expériences de juge m'ont permis de lire ou de participer à des réunions où j'ai tout de même appris beaucoup sur l'hérédité : les oiseaux classés dans un genre ne le sont pas par hasard, mais parce qu'ils ont beaucoup de points communs.

Ma conclusion pour Aegithalos concinnus est que vouloir faire reproduire cet oiseau en cage ou en volière n'est pas normal (donc pas simple) !

Cet oiseau vit au Japon (et ailleurs) avec des changements brusques de température à des altitudes variables et notre Aegithalos caudatus, comme je le constate à chaque printemps, supporte également un climat difficile tout en réussissant à se nourrir avec les insectes (peu nombreux) dès la fin février, dans le secteur où je peux l'observer.

Dans ma volière

Pour en revenir à mon expérience avec les Mésanges à tête rousse, je peux affirmer que ce sont des oiseaux calmes et agréables. Pendant leur période d'acclimatation, la température est aux environs de 15 ° C, ce qui est très largement suffisant pour elles qui supportent dans la nature des climats assez rudes.

J'ai perdu un oiseau dans la semaine qui a suivi son arrivée à la maison. La cause est toujours inconnue pour moi, mais je penche quand même un peu pour l'âge avancé accompagné d'un fort stress dû aux différents voyages qui lui ont été imposés.

Côté nourriture, le nectar "maison" a tout de suite été apprécié, à ma grande satisfaction : la remise en forme a ainsi été facilitée par les lipides et les sucres rapides contenus dans ce breuvage.

La pâtée pour insectivores et les fruits n'ont pas été touchés durant cette période. En revanche, le quatre-quarts au beurre confectionné par mon épouse et les pinkies blancs, les vers de farine et les teignes ont constitué un vrai régal. Au printemps, des branches avec des jeunes pousses ont été copieusement visitées : les Mésanges ont-elles apprécié le nectar et le pollen des fleurs, les insectes, ou les deux ?

J'élève moi-même mes vers de farine, mais les buffalos me manquent assez souvent : il est difficile de les élever soi-même et les distributeurs sont peu nombreux pour cette variété d'insectes difficile à conserver dans de bonnes conditions.

La « production » de pucerons peut être obtenue avec des fèves plantées au printemps et en laissant les pucerons se développer. La distribution s'effectue en coupant les branches qui sont déposées dans un récipient rempli d'eau afin que la sève monte et nourrisse les pucerons appréciés des Mésanges.

Je recouvre toujours le sol de ma volière de papier : cette façon de procéder me permet de vérifier la teneur des fientes, afin de détecter les anomalies de santé au plus vite.

Je ne conseille pas de faire cohabiter ces Mésanges, qui sont très calmes, toujours en train de chercher leur nourriture çà et là, avec des oiseaux de taille supérieure et particulièrement remuants comme les Rossignols du Japon, par exemple. Elles seraient stressées et ne supporteraient pas ce régime.

Je n'ai pas eu de reproduction, ni de tentatives de reproduction (mais avais-je un couple ?). Néanmoins, sur ce point, je peux dire que si on se réfère aux scientifiques, ces oiseaux commencent à nicher de bonne heure (fin février ou début mars) et que l'on peut les inciter à construire un nid en mettant à leur disposition : saule, genévrier, voire du buis arbustif. Bien sûr les feuilles sèches, le lichen, le crin, la mousse et beaucoup de plumes ne doivent pas manquer.

J'ai élevé pendant des années des Diamants de Gould, des Diamants mandarins, des Moineaux du Japon (tous avec des qualités leur permettant de bien figurer aux concours : chez moi, ils ne servent jamais "d'esclaves" pour nourrir d'autres espèces), des Capes bleues, des Sénégalis, des Bouvreuils, et de très nombreux petits exotiques que je ne peux pas citer, tellement ils ont été nombreux.

Je dispose d'une pharmacie utile pour les oiseaux dont je m'occupe actuellement : toujours les 3 premières espèces ci-dessus citées, auxquelles j'ai rajouté Bouvreuils à longue queue et de Lichtenstein.

Cette dernière contient :

- Florissima (anciennement : laboratoire Audevard, depuis 2003 : produits Astridia) probiotiques qui régulent le transit intestinal.
Une pointe de couteau à bout rond dans la pâtée.
50 % de pâtée avec ce produit et 50% sans, de façon à ce que les oiseaux s'habituent au goût.

- Le nécessaire pour soigner les yeux, collyre Néomycine Diamant vendu en pharmacie humaine en flacon de 10 ml : administrer 1 ou 2 gouttes par jour, suivant la gravité du mal.

- pour les pattes (plaies ou mycoses), Pévaryl (flacon de 30 ml) : 1 goutte sur la plaie 2 fois par jour

- Des vitamines de la marque Ravasi : 8 gouttes dans 60 ml d'eau

- Toute la gamme des produits Brunet et Nekton.

- Erytavicol (en poudre soluble) utilisée en cas de diarrhées, infection des voies respiratoires ou intestinales. 4 g par litre d'eau pendant 4 ou 5 jours.

- Corylar (anti-infectieux) distribué à titre préventif contre les diarrhées et les coccidiens. Flacon de 60 ml. 4 gouttes dans 60 ml d'eau pendant 4 jours.

- Imodium, anti diarrhées acheté en pharmacie (0.2 mg/ml pour les enfants). La dose est de 5 g pour 60 ml pendant 5 jours.

- Charbon de Belloc (en pharmacie) à saupoudrer sur les graines une fois par semaine.

Si mes mésanges avaient eu des jeunes, j'aurais distribué des vitamines, comme je le fais habituellement : Ravasi (complexe vitaminé) et Nekton (large éventail).

En conclusion, mon expérience que l'on ne peut classer ni comme échec, ni comme réussite, m'a permis de comparer les mœurs, les habitudes alimentaires des Aegithalos concinnus avec les Aegithalos caudatus que j'ai vues évoluer dans la nature.

Je pense qu'avec une volière extérieure assez grande, dotée d'un abri contre la pluie et le vent, l'heureux détenteur de ces oiseaux peut espérer connaître les joies de la reproduction.

Comme d'habitude, l'éleveur doit faire preuve d'observation et d'habitude de la gent ailée (connaissances générales en ornithologie).

Article mis à jour le 30 mars 2003


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