LE SHAMA À CROUPION BLANC (Copsychus malabaricus)
"Mes Shamas et moi... dans mon jardin !" Une étonnante expérience d'élevage... Texte : Laurent S. et Pierre Nectoux - Elevage et photos : Laurent S.
Passionné d'oiseaux depuis mon enfance, j'ai tout de suite été intéressé par les insectivores, que je trouve plus vifs, plus élégants et rapidement apprivoisables, et surtout pour leurs chants si mélodieux, aux sons flûtés et variés. J'ai eu mon premier couple de rossignols du Japon il y a 3 ans, dans une petite volière intérieure placée dans le salon de mon appartement. Dès le lendemain de leur acquisition, j'ouvris la porte de la volière et les oiseaux sortirent. D'aucuns penseraient que si un oiseau sort de sa cage, il faut l'attraper pour l'y remettre ; eh bien non, l'oiseau sait retrouver la porte d'entrée, si elle est suffisamment grande et visible. Ainsi, au fil du temps, mes rossignols allaient et venaient de leur cage à une branche à l'autre bout du salon et s'habituaient à moi au point de picorer des vers de farine dans ma main. Ensuite, une volière extérieure fut construite sur le balcon avec accès direct par une fenêtre du salon. Le couple choisit de remplir de fibres de coco un nid en osier dans la volière intérieure. Deux semaines plus tard, deux petits naissaient. J'ouvris alors la porte de la volière extérieure, permettant ainsi aux parents d'aller chercher des insectes en totale liberté et de revenir nourrir les petits au nid ; l'élevage en semi-liberté ! Malheureusement, sans aucune raison, un des petits mourut deux semaines plus tard. Mais le second devint un superbe mâle ! J'ai dû me séparer des rossignols car j'ai déménagé et n'ai pas assez de place pour les garder ; ils sont dans une superbe volière extérieure chez un éleveur qui en possédait déjà deux couples. Mais voici la plus fabuleuse des histoires que j'ai vécues avec des oiseaux. Il y a deux ans, je suis allé visiter un magasin d'importation d'oiseaux où j'ai vu des espèces incroyables (mésanges, niltavas, martins-pêcheurs, guêpiers, gobe-mouches, merles de toutes sortes et j'en passe !). Mon attention fut captée par neuf merles Shama, huit mâles et une unique femelle. J'avais déjà lu des informations sur cet oiseau magnifique qui chante merveilleusement et a le don d'imiter le chant d'autres oiseaux en l'ajoutant au sien. Il en change, le modifie et l'enrichit en permanence. J'ai craqué, achetant la femelle et le mâle doté de la plus longue queue, et suis rentré chez moi avec mes deux oiseaux, à 120 km de là ! C'est alors que commença un véritable calvaire ! Je me rendis vite compte que mes oiseaux ne mangeaient pas de pâtée, qu'ils se jetaient dans l'eau de la baignoire comme s'ils n'avaient pu se baigner depuis des semaines, que je ne pouvais pas les garder ensemble car le mâle attaquait la femelle, et qu'ils étaient gravement malades tous les deux ! Entre la pâtée mélangée à du fromage blanc, les vers de farine, divers fruits et tout le reste, les piqûres d'antibiotique chez le vétérinaire, la crème à mettre chaque jour sur le bec du mâle pour guérir sa gale et beaucoup de chaleur et de calme, je ne vous dis pas comment passèrent les trois mois durant lesquels je ne sus s'ils allaient s'en sortir. Mais chaque jour, je les laissais sortir de leurs cages une demi-heure, séparément, puis les faisais rentrer en les récompensant d'une friandise (vers de teigne ou de farine) qu'ils apprécient tout particulièrement. Ils s'habituèrent de plus en plus à ma présence et la femelle, déjà, venait se poser sur mon épaule (le mâle plus rarement car je devais l'attraper tous les jours pour lui administrer son médicament). Après quelques mois de récupération, de soleil direct grâce à la volière extérieure, de bonne nourriture équilibrée qu'ils finirent par accepter et beaucoup de patience, les deux oiseaux devinrent superbes et apprivoisés. Ils me suivaient dès que je les laissais libres dans l'appartement et restaient avec moi à la cuisine ; par un sifflement spécifique, je les appelais pour qu'ils rentrent dans leurs cages et leur offrais un ver de teigne. Sitôt après mon déménagement, ils prirent possession de l'intérieur et furent rapidement en confiance. Comme des chats, ils me suivaient et, même en présence de mes amis, ne montraient aucune crainte, bref, ils étaient à l'aise. Il y a trois mois, par une journée ensoleillée, je me dis qu'il fallait essayer d'ouvrir la porte-fenêtre du jardin et les laisser hors de la maison un moment, du moins l'un après l'autre pour le cas où le premier sorti s'enfuirait ! J'ouvris donc la cage de la femelle, puis la porte-fenêtre, et m'accroupis devant la barrière située à 1,50 m de la fenêtre ; je l'appelai et elle vint se poser sur la barrière où elle demeura immobile, observant les alentours. Elle ne semblait pas apeurée et restait là sans bouger, puis, voyant un insecte au pied des palmiers, s'envola l'attraper et revint aussitôt se percher sur la barrière. J'entrai dans la maison, l'appelai, et elle revint dans sa cage où je la récompensai. Ouf, ça a marché, me dis-je ! L'essai avec le mâle fut tout aussi concluant – à ma grande stupéfaction, puisqu'il était un peu moins apprivoisé ! Et depuis, chaque jour un peu plus longtemps, je les laisse sortir librement dans le jardin où ils viennent s'ébattre, se baigner, prendre le soleil toutes ailes étendues et avec un bonheur manifeste, juste à côté de moi ou de mes amis, en totale confiance. Ils volent superbement, en faisant du sur-place, le mâle chantant à tue-tête, et ils vont parfois si loin que je ne les entends même plus voler et vivre en liberté ! Qu'ils disparaissent une demi-heure ou une journée entière, toujours ils s'en retournent sur le cerisier devant la maison, sur le bouleau, sur la barrière, puis dans la maison et dans leurs cages ! Et dès que je les appelle, s'ils sont assez proches pour m'entendre, ils reviennent à tire-d'aile ! Et les prédateurs, me direz-vous ? Eh bien, j'ai remarqué que les chats ont peur de mes merles (en raison de leur longue queue qui rappelle celle de la pie), que si un rapace plane, tous les oiseaux du jardin sifflent et alarment mes pensionnaires qui, automatiquement, vont se cacher dans le buisson le plus proche ou rentrent dans la maison. Ils sont habitués à moi et ne s'approchent pas d'autres personnes, hors du jardin. Ils sont discrets, mais dans le jardin, si j'ai des invités, ils sont totalement en confiance. Les avions et les hélicoptères ne les perturbent pas le moins du monde. Pour finir, j'aimerais encore vous raconter comment mes merles ont été acceptés par les autres oiseaux ! Tous les oiseaux sont venus les voir de près, intrigués : moineaux, pinsons, verdiers, mésanges, rouges-queues, merles, pies, corneilles, etc. Tous les ont acceptés d'emblée, hormis les pies qui, une fois ou deux, ont chargé le mâle. Mais très vite, elles se sont rendu compte qu'il n'était pas un concurrent, et maintenant je les vois voler ensemble dans le verger d'à côté. Et le plus surprenant, c'est que les autres oiseaux sont beaucoup moins farouches depuis que je lâche les miens. Ils viennent se baigner avec eux, chasser, chanter et se reposer... devant moi. Pour la reproduction, j'ai disposé des nichoirs dans la maison et le mâle essaie d'y attirer la femelle qui s'en désintéresse, en tout cas cette année. On verra bien l'an prochain ! Pour résumer, mes merles sont heureux comme des poissons dans l'eau, ne rechignent jamais pour rentrer dans leurs cages, parfois même restent dans la maison et s'y reposent, alors même que porte et fenêtres sont grandes ouvertes.
CLIQUEZ SUR LES PHOTOS POUR LES AGRANDIR Quel spectacle fantastique que de voir ces magnifiques oiseaux tropicaux aller et venir en liberté sous vos yeux, comme le ferait un chat ! A bientôt ! Laurent S., le 21 août 2002 Article publié le 22 octobre 2002
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