LE MINLA À QUEUE ROUSSE (Minla ignotincta)


Expérience d'élevage de Bernard GRANDIN




GENERALITES :

Ce magnifique oiseau mesure 14 cm. Les sexes sont très différents du point de vue plumage.

Le mâle a la tête noire avec un long sourcil blanc partant du bec pour atteindre la nuque. Le reste des parties supérieures est chocolat. Les ailes sont noires avec les bouts blancs, bordées extérieurement de cramoisi. La queue est bordée, elle aussi, de cramoisi, pour se terminer par du blanc. Le menton et la gorge sont blanchâtres pour virer ensuite au jaune pâle.

La femelle ressemble au mâle, mais le rouge de l'aile est remplacé par du jaune pâle et celui de la queue par du rosé.

Minla à queue rousse
Minla à queue rousse femelle - Photo : Pierre Malburet - Elevage : Marc Bumb


Chez les deux sexes, le croupion est olivâtre. Le bec est brun-noir alors que les pattes tirent vers le brun olive.

Son comportement est très « minla ». Il s'associe en groupes parfois importants mêlés à d'autres espèces. Il a une préférence très marquée pour les arbres et surtout les hautes branches près de la cime.

Il prend toutes les positions acrobatiques des mésanges, mais est moins vif. Il dégage cependant dans ses déplacements une sensation de puissance impressionnante. Sa préférence va vers la forêt mixte, dense et humide (chênes et rhododendrons) Il est principalement insectivore, mais ne dédaigne pas du tout la pâtée et les fruits divers.

Sa nidification (mai à juin) était, il n'y a pas si longtemps, mal connue. Dans la nature, son nid est une coupe profonde faite de mousse et de radicelles, garnie de crin. Il est placé sur la fourche d'une branche à peu de hauteur du sol.

Les œufs (2 à 4 par ponte) sont bleus finement ponctués de noir ou de brun-roux Leur dimension est de 19.4 x 14.4 mm

Sa répartition est annoncée proche de l'Himalaya, du Népal oriental au nord de la péninsule Indochinoise à travers la Birmanie.

Dans le genre MINLA, on compte 3 espèces :

  1. Bord de l'aile bleu : Minla à ailes bleues (Minla cyanouroptera)
  2. Bord de l'aile cramoisi, gorge non barrée : Minla à queue rousse (Minla ignotincta)
  3. Bord de l'aile orange, gorge barrée : Minla à gorge striée (Minla strigula)


Ma propre expérience d'élevage :

Comme beaucoup d'éleveurs, étant, depuis ma plus tendre enfance, attiré par la nature, je suis tombé « dedans » il y a de nombreuses années.

J'ai commencé par élever des Diamants de Gould, des Canaris et des Diamants à longue queue. À l'heure actuelle, j'élève, avec plus ou moins de réussite, bien sûr, plusieurs espèces d'insectivores : Grive à tête orange, Rossignol du Japon, Niltava sundara (Gobemouches à ventre roux), Jaseur du Japon, Cardinal de Virginie, Merle dhyal (Shama dayal), Merle shama (Shama à croupion blanc), Verdier de Chine, Minla à ailes bleues et... Minla à queue rousse, au sujet duquel je vais vous tracer quelques lignes. Cet oiseau est également appelé à tort : SIVA.

J'habite le Pas-de-Calais, où je fais partie d'un club de ma région constitué de passionnés comme moi avec qui j'ai de nombreux contacts (a minima lors de notre réunion mensuelle).

J'ai fait l'acquisition de mes premiers Minlas à queue rousse il y a maintenant 6 ans, chez un importateur de ma région. Le jour de mon acquisition, il y avait au moins 40 oiseaux de cette espèce, qu'il ne faut pas confondre avec le Minla à queue châtain, qui est pratiquement inexistant en captivité.

Comme d'habitude, le choix des oiseaux que je souhaitais acquérir se fit vers des sujets les plus colorés possible avec une bonne taille et également une bonne présentation (forme de l'oiseau, pas d'ailes pendantes et bonne tenue sur le perchoir). L'œil doit être bien rond, le ventre non violacé.

Minla à queue rousse
Minla à queue rousse femelle - Photo : Pierre Malburet - Elevage : Marc Bumb


Il est recommandé d'isoler dans une petite cage, l'oiseau qui vous a tapé dans l'œil et de prendre un peu de recul (3 m minimum) pour examiner son attitude au repos : le plumage ne doit pas être ébouriffé et l'oiseau doit rester vif.

Le dimorphisme sexuel est très simple : le mâle a le bout des ailes et la queue de couleur rouge. Quant à la femelle, seul le bout des ailes est légèrement jaune et pas beaucoup coloré.

L'état des oiseaux le jour de mon achat peut être annoncé comme « moyen ». Dès leur arrivée à la maison, je pris soin de les mettre en quarantaine dans une cage séparée. Une cure de vitamines (marque : Omniform d'Oropharma) leur fut imposée, ainsi qu'un traitement antibiotique avec Coccilyse contre les risques de coccidiose.

Les oiseaux étaient très peureux, il faut bien évidemment qu'ils trouvent leurs repères avant de retrouver leur calme. Je n'ai eu aucune perte à déplorer car ces oiseaux sont assez robustes.

La nourriture distribuée chez moi était composée de pâtée Orlux, pâtée Bevo avec des vers de farine dont ils raffolent et de la pomme douce (Golden).

Comme vous pouvez le constater, leur acclimatation s'est très bien passée.

Aux beaux jours, mes Minlas furent lâchés dans une grande volière (longueur 3 m, largeur 0.9 m et hauteur 2.5 m). Dans mon élevage, les couples restent formés toute l'année dans la volière qui leur a été attribuée. Ils peuvent ainsi se familiariser avec leur environnement afin de pouvoir espérer une reproduction dès la deuxième année qui suit leur installation lorsque l'on parle de nouveaux pensionnaires.

Cette volière est couverte aux 2/3 : ainsi la pluie lave la volière et permet aux oiseaux de prendre un bain qu'ils apprécient particulièrement. Elle est plantée de cyprès auxquels je rajoute des fagots de branchage qui serviront de supports eux aussi pour l'édification des futurs nids.

La nidification a lieu chez moi de mars à juillet de chaque année. Il m'a été permis de constater de bien meilleurs résultats lorsque plusieurs couples ne cohabitent pas ensemble. Le choix du nid varie : parfois ils adoptent un nid à perruches, mais le plus souvent il préfère construire leur nid dans un cyprès ou dans un fagot dont la hauteur se situe assez régulièrement entre 0.60 cm et 1.20 m du sol. Les matériaux retenus pour la construction sont assez classiques : crin de cheval, fibre de coco, herbes sèches

Nid de Minla à queue rousse
Nid de Minla à queue rousse - Photo et élevage : Marc Bumb
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Une fois le nid terminé, la ponte se situe entre 8 et 15 jours en fonction des conditions climatiques à ce moment-là. Le Minla pond 3 ou 4 œufs de couleur vert bleuâtre. La visite du nid ne m'a jamais posé de problème ; en effet je profite de l'absence de la femelle qui sort se délasser et se restaurer, chaque jour aux alentours de 18 heures, pour « jeter un œil » dans le nid. La durée d'incubation est de 12 ou 13 jours.

Minla à queue rousse au nid
Minla à queue rousse au nid - Photo et élevage : Marc Bumb
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Pendant la couvaison je supprime totalement la nourriture vivante ..... que je redistribue seulement deux jours avant la date prévue de l'éclosion. Je rends visite à mes oiseaux seulement une seule fois par jour pendant cette période de couvaison où les oiseaux ont besoin d'un calme maximum.

Minla à queue rousse : oisillons de 3 jours
Minla à queue rousse : oisillons de 3 jours - Photo et élevage : Marc Bumb
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Le baguage effectué à partir du 5 ème jour – avec un diamètre de 2.5 mm - ne pose pas non plus de gros problèmes, si ce n'est que les parents poussent des cris stridents de protestation, mais au bout de 5 à 10 minutes tout rentre dans l'ordre.

Je sors les jeunes de la volière juste avant la sortie du nid de la nichée suivante, car le mâle non violent est un bon nourricier et en procédant ainsi les jeunes en profitent au maximum.

Je prends le chapitre « nourriture » très au sérieux car je considère que c'est de cette façon que l'on peut espérer avoir quelques jeunes sevrés chaque année (on dit PE : c'est-à-dire « de propre élevage »).
Donc, mes Minlas reçoivent chaque jour, lorsqu'ils ont des jeunes, à nourrir des œufs de fourmis saupoudrés de Probi-zyme (probiotique de la gamme Orlux). Je fais de même avec les vers buffalos.
Ils apprécient les graines germées que je jette sur le sol de ma volière (accompagnées de chènevis uniquement pour les mettre en condition de reproduction), qui germe et qui pousse avant d'être mangé, mais pour moi le plus important se situe au niveau de la pâtée CéDé Lori Food, du Nutribird C19 et du grit.
À partir du 6e jour qui suit l'éclosion, j'ajoute au menu habituel de la pâtée grasse "grande perruche", de la pomme Golden, de la brioche vitaminée avec Omniform Oropharma, sans oublier les traditionnels vers de farine en mue (de couleur blanche ils sont dépourvus de la terrible chitine indigeste).

Les vitamines sont indispensables pendant la croissance des jeunes. De la naissance jusqu'à la sortie du nid, je distribue Omniform Oropharma à haute dose, c'est-à-dire 50 gouttes pour 25 ml.

A noter que mes besoins en vers de farine et mes buffalos proviennent partiellement de mon élevage d'insectes.

Mâle Minla à queue rousse
Minla à queue rousse mâle - Photo et élevage : Marc Bumb
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Les fruits ne manquent jamais : oranges, pommes, poires, raisins, framboises, groseilles rouges et noires. Ils ont droit également à de la carotte râpée.
Etant proche de la Belgique, je me procure ma nourriture vivante chez nos voisins à des prix intéressants.

La période de mue intervient à l'approche du mois d'août, les couleurs définitives s'accentuent avec difficultés au fil du temps et ce même avec l'aide de vitamines.

A ce jour, j'ai conservé l'ensemble de mes derniers jeunes dans mon élevage afin de former une souche de ces oiseaux que j'aime beaucoup. J'ai également fait participer mes oiseaux à plusieurs expositions avec des résultats très satisfaisants :
  • Championnat de France : 93 points
  • Championnat du Monde à Ypres (Belgique) avec 90 et 89 points.

La prochaine saison va arriver à grands pas maintenant. J'espère obtenir plusieurs jeunes avec mes 5 couples de Minlas à queue rousse (j'ai également 4 mâles en réserve, dont 2 que le pourrais céder à des éleveurs confirmés).

Parmi les comportements particuliers, j'ai remarqué que si la femelle, lors de la 2e couvée, évite sa progéniture et si d'aventure le nourrissage diminue, il est plus prudent de retirer les jeunes et des les nourrir à la main !
En ce qui concerne le mâle, si l'éleveur observe que ce dernier se promène avec des brindilles dans le bec, c'est aussi un signe d'abandon de la nichée en cours. Dans ce cas, une seule issue de secours : le nourrissage à la main.
Lors de la première ponte, il arrive que les œufs soient cassés ! Cela signifie que les oiseaux ne sont pas prêts à reproduire. Pour remédier à cela, il faut distribuer plus de nourriture animale pour que tout rendre dans l'ordre.
Pendant les cinq jours suivant l'éclosion des jeunes, il est nécessaire de forcer sur la nourriture animale mais de diminuer la ration progressivement de façon à ce que les parents donnent autre chose aux jeunes.

Comme dans tous les élevages, mes oiseaux sont dérangés par chats, souris et rats. Pour me débarrasser des souris notamment je procède de la façon suivante : je prends une bouteille en plastique que je remplis d'un tiers de couscous qui a été auparavant mélangé à du poison de marque « Caïd ». Cette bouteille couchée au sol permet aux souris de rentrer et sortir sans éparpiller le poison un peu partout. De cette façon j'élimine les risques d'empoisonnement pour mes oiseaux.

Pour les soins que je promulgue à mes oiseaux, je dispose d'une pharmacie dans laquelle on peut trouver :
  • Spartix : je casse le comprimé en 4, et je donne un des morceaux dans le bec pour 20 jours de traitement. Le traitement de la trichomonose s'effectue avec cette spécialité particulièrement innovante.
  • Coccilyse pour soigner la coccidiose, , à hauteur de 6 gouttes pendant 4 jours pour une petite buvette de 100 ml.
  • Probi-zyme que je saupoudre sur les œufs de fourmis et les vers buffalos.


Après beaucoup d'observation et de réflexion je constate que les résultats – au vu du nombre de jeunes obtenus – s'améliorent sensiblement. Il faut avoir un peu de recul pour s'améliorer car on apprend chaque jour. Il m'a fallu de nombreuses années pour réussir avec les Minlas, car j'ai dû tout apprendre sur le terrain, et aucun livre ne donne la recette de la réussite !!!
Pour moi, c'est l'expérience (observation) et l'opiniâtreté qui conduisent au succès.

L'élevage de cet oiseau ne peut pas être conseillé aux débutants. Il est beaucoup trop astreignant ! De plus il faut terriblement « s'accrocher » car on rencontre beaucoup de déboires : on croit avoir réussi aujourd'hui, et demain tout peut être remis en question !!! Il n'est pas indispensable d'avoir des oiseaux jeunes pour commencer une expérience, par contre il faut avoir de l'espace à leur offrir, du calme aussi. La chaleur n'est pas indispensable.

Pour tout renseignement complémentaire vous pouvez me joindre en fin de journée au 03.21.35.59.88.

Une bonne adresse :

Produits MOUREAU de Chantilly (gamme Oropharma)
95270 LUZARCHES

Texte de Bernard GRANDIN et de Pierre NECTOUX


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