LE BENGALI ROUGE DE CHINE
(Amandava amandava punicea)




Chaque amateur d'oiseaux exotiques connaît le Bengali rouge de Bombay, c'est-à-dire l'espèce nominale Amandava amandava amandava, dont l'élevage vous a été relaté sur cette page.

Je vais vous présenter dans cet article une sous-espèce d'Extrême-Orient, appelée par les éleveurs étrangers « Bengali rouge oriental » ou « Bengali rouge de Chine ».

Description

Amandava amandava punicea vit au sud-est de la Chine, en Thaïlande, au Cambodge, au Vietnam, à Java et à Bali, où le climat est de type tropical humide.

Amandava amandava ssp. Amandava amandava ssp. Amandava amandava ssp.
A gauche sur les photos : mâle Bengali de Bombay ; à droite, mâle Bengali rouge de Chine
Il est facile de distinguer ces deux sous-espèces par leur taille et leur coloration.

Il mesure au maximum 9 cm de longueur, soit un bon centimètre de moins que le Bengali de Bombay.

Chez le mâle en plumage nuptial, la couleur principale est un rouge brique ou orangé « métallisé », parsemé de petits points blancs. La poitrine et le ventre sont noirs. La silhouette de l'oiseau (minuscule bec, tête fine, queue courte) fait plutôt penser à un Bengali zébré qu'à un Bengali de Bombay.

La femelle peut avoir la poitrine légèrement grisâtre.

Amandava amandava punicea
Femelle à gauche, mâle en plumage d'éclipse à droite

Chez la femelle et chez le mâle en plumage d'éclipse, on remarque, en outre, que le trait oculaire noir souligné de blanc qui caractérise le Bengali de Bombay est quasiment absent.

Le chant du Bengali rouge de Chine, émis par les deux sexes, est très agréable à entendre. Il est plus flûté et moins bruyant que celui du Bengali de Bombay et les jeunes reproduisent fidèlement le chant de leurs parents, alors que les jeunes Bombay imitent parfois le chant d'autres espèces sans apprendre le leur.

Cette sous-espèce est sujette au mélanisme, comme le Bengali de Bombay, lorsqu'elle est gardée dans des conditions inadaptées, notamment un manque de lumière.

Acclimatation

La petite taille et l'origine tropicale de cet oiseau le rendent particulièrement sensible aux aléas climatiques et aux changements brusques dans l'environnement ou l'alimentation : il a peu de réserves ! Il est préférable, à mon avis, de le garder toute l'année à une température supérieure à 15°C. Lors de son arrivée sous nos latitudes, 20 à 25°C ne peuvent pas lui faire de mal. Les baisses éventuelles de température se feront progressivement. Gardé dans une pièce chauffée l'hiver, il ne présente aucun problème pour l'acclimatation.

Comme pour tous mes Estrildidés africains et asiatiques, je donne à mes Bengalis rouges de Chine un mélange maison de petites graines pour oiseaux exotiques (alpiste, ray-grass, millets, panis...), des minéraux (grit), des fruits ou légumes (pomme, concombre...), de la pâtée d'élevage à base d'œuf dur et de pinkies, de la pâtée universelle... Ils apprécient les épis de graminées mi-mûres, qui sont la base de l'alimentation de cette famille d'oiseaux dans la nature durant la saison humide.

Amandava amandava punicea
Mâle reproducteur

Les premiers temps, j'observe attentivement les nouveaux venus pour déceler un manque d'appétit pouvant devenir rapidement fatal, des symptômes de maladie, une mauvaise entente avec d'autres oiseaux... Je distribue des vitamines tous les jours pendant 8-10 jours lorsque les oiseaux arrivent pour les aider à mieux supporter le changement. Ensuite, l'apport de vitamines est régulier. Une fois la quarantaine terminée, les oiseaux rejoignent une volière de 2 m x 2 m x 1 m abritant des petits exotiques granivores et insectivores. Ils bénéficient du nectar distribué à ces derniers, même s'ils ne sont pas des adeptes assidus de cette boisson sucrée.

Ce minuscule Bengali peut être sujet au stress si des oiseaux plus gros le poursuivent fréquemment. Dans mon élevage, deux cas de mésentente se sont manifestés : la première fois avec un mâle Cordonbleu violacé très agressif, qui a hélas causé la mort d'un joli mâle Bengali, et la seconde avec un couple de Sénégalis verts. Dans les deux cas, les fauteurs de trouble ont été changés de volière, et la seconde fois, un petit mâle, « sauvé » d'une oisellerie où il vivait entassé avec des mandarins, a dû être transféré en cage quelques jours pour se remettre de ses émotions bien tranquillement. Il a depuis réintégré la volière où se trouvent sa femelle et deux autres couples, ainsi que des oiseaux pacifiques : Astrilds, Capucins à tête grise, Yuhina à menton noir, etc.

D'une manière générale, je déconseillerais de mettre cet oiseau avec d'autres espèces à plumage rouge vif, pour éviter des bagarres perturbant la reproduction.

En logeant plusieurs couples ensemble, on peut assister à quelques « accrochages » entre mâles Bengali rouge de Chine (ils se sautent dessus à terre ou en vol, c'est spectaculaire !), mais cela fait plus de peur que de mal et la bagarre s'arrête aussi vite qu'elle a commencé, du moment que la volière est assez grande pour loger plusieurs couples.

Expérience d'élevage

En octobre 2003, je me retrouve avec un couple et une femelle seule. Le couple est mis dans une volière abritant d'autres oiseaux et le mâle s'empresse de glisser des brindilles, des fibres de coco et de la bourre pour nid dans les plis du papier recouvrant le sol de la volière. La forme de ce nid est intermédiaire entre un nid de Bengali de Bombay, en forme de boule lâche dans un arbuste, et un nid d'Astrild à joues orange ou cendré, en forme de boule aplatie prolongée par un tunnel étroit. Ici, le tunnel d'accès au nid est large et très lâche. Le nid ne forme pas une boule complète car les épaisseurs de papier « fond de volière » forment un « plafond » acceptable pour les oiseaux. La femelle y pond rapidement 6 petits œufs blancs, qui sont couvés alternativement par les deux parents. 5 de ces 6 œufs sont fécondés, l'éclosion a lieu les 22 et 23 octobre.

Amandava amandava punicea
Nichée de Bengali rouge de Chine dissimulée dans un nid construit à même le sol et déplacé le temps de la photo

Les jours qui suivent, les parents cherchent de la nourriture pour leurs jeunes. Ils ont à leur disposition des petits vers de farine, des pinkies blancs et des drosophiles. Les débuts sont difficiles : le 24 octobre, un oisillon a disparu. Le 25 et le 26, deux petits sont retrouvés morts hors du nid. Les deux oisillons restants parviennent à grandir et je les bague le 31 octobre avec des bagues de diamètre 2,0 mm, après avoir hésité avec le 1,8 mm qui me semble à peine trop étroit.

Mais les deux jeunes ne démarrent pas dans la vie avec les mêmes chances : l'un a été beaucoup mieux nourri que l'autre, les parents étant inexpérimentés. Une grande différence de taille et de vigueur les sépare. Le plus chétif ne passera pas le cap de la sortie du nid : il meurt le 5 novembre.

Reste un joli petit Bengali qui part explorer le vaste monde le 7 novembre, à l'âge de 17 jours. Il ressemble presque trait pour trait à un jeune Bengali de Bombay, en plus petit. Les plumes de la tête ne sont pas encore développées, cela s'observe parfois aussi chez les jeunes Bengalis de Bombay qui sortent du nid « trop tôt ».

Le jeune oiseau, bien soigné par ses parents, trouve vite sa place dans la volière, qui abrite aussi plusieurs jeunes Bengalis zébrés.

Amandava amandava punicea
Jeune mâle de trois mois (à gauche) et son père en plumage internuptial

Les parents décident de réitérer l'exploit fin novembre, dans un nid construit, encore une fois, au sol. Les 5 œufs pondus sont tous fécondés, mais la durée d'incubation est anormalement longue : je suppose que les parents ont attendu quelques jours après la ponte, avant de se mettre à couver. Le 9 décembre, quand les éclosions ont lieu, les parents savent nourrir leurs petits. Ils passent de longs moments sur le bac à drosophiles, à attendre que les petites mouches sortent par le couvercle ajouré. Ils apprécient aussi la pâtée à l'œuf dur et les vers buffalo. Les petits poussent tous au même rythme et cette fois, sans difficulté. Je les bague en 2,0 mm le 16 décembre. Les jeunes quittent le nid le 28 décembre et suivent les traces de leur grand frère...

Lorsque la troisième nichée commence, au printemps, la femelle est hélas victime d'une rétention d'œuf. Elle avait pourtant à sa disposition tous les aliments nécessaires, une bonne température, l'expérience de l'élevage... Avec des oiseaux aussi petits, une cause minime peut avoir rapidement raison d'une vie sans que nous puissions agir.

Je me retrouve alors avec plusieurs mâles et une seule femelle.
Cette situation n'est pas idéale pour continuer à élever cette espèce.

Au mois d'avril, je trouve par chance quelques oiseaux issus des importations de 2002, dans une animalerie et auprès d'un ami éleveur.
Ceci me permet de prévoir la constitution de 3 couples, en gardant quelques mâles de propre élevage en réserve.

Après la quarantaine, je mets les nouveaux oiseaux dans une volière adjacente à celle de mes mâles esseulés, dont les couleurs sont plus vives que jamais. Visiblement, le courant passe : les mâles gazouillent au sol d'un côté du grillage, et les femelles viennent à leur rencontre au sol également, de l'autre côté. Je me décide à réunir 3 mâles et 3 femelles dans l'une des volières au mois de juin. Chacun trouve immédiatement sa compagne, visiblement ils avaient déjà décidé qui irait avec qui alors qu'ils étaient voisins !

Amandava amandava punicea
Nichée au moment du baguage

Mon mâle reproducteur, « le père », construit, pour une fois, un nid à 1 m de hauteur environ, sur un amas de nids de Capucins en fibre de coco et en herbes sèches. Tout comme le mâle Bengali de Bombay, il garnit et décore abondamment le nid de bourre douce et claire. La femelle y pond trois œufs après la mi-juillet, un seul est fécondé. Le jeune oiseau est choyé avec des drosophiles et leurs larves, de la pâtée aux pinkies congelés passés au mixer pour les hacher, et toutes sortes de bonnes choses que l'été nous apporte (plantes sauvages, épis de graminées mi-mûres...). Bagué le 11 août, il prend son envol très discrètement le 22, à l'âge de 20 jours, en se dissimulant dans des fagots de bambou sec.

Amandava amandava punicea
Nid construit par le jeune mâle dans le fagot de bambou sec

Durant cette nichée, le jeune mâle né en octobre 2003 a également construit un nid, lorsqu'il ne se battait pas avec son père ! Ce nouveau nid est situé au-dessus d'un nid d'Astrild, à 1,80 m de hauteur. C'est une simple boule inachevée de fibres végétales avec beaucoup de bourre claire. La femelle a pondu 4 œufs qui sont tous fécondés. Les petits sont bien nourris lorsque je les bague, le 24 août, ce qui prouve, si c'était nécessaire, qu'un oiseau de propre élevage fait un très bon reproducteur.

Conclusion

Le Bengali rouge de Chine est, certes, plus rare et plus délicat que le Bengali rouge de Bombay, mais quand on aime cette espèce, on ne peut qu'être ravi d'en découvrir les variantes. Impossible de confondre les deux sous-espèces en raison de la petite taille du « Chinois ». Les deux sortes étaient exposées au Mondial d'Amiens. Il semble que les mâles « Chinois » prennent et gardent plus facilement leur couleur en intérieur que les « Indiens ».

Amandava amandava punicea
Jeune oiseau de 15 jours, peu avant la sortie du nid

Si l'on a le bonheur de trouver des Bengalis rouges de Chine et si l'on a la possibilité de les élever au chaud, pour leur bien-être, seuls ou avec des espèces pacifiques, on aura très probablement la récompense d'une nichée au bout de quelques mois en volière. Ils ne sont pas très difficiles au niveau des insectes, simplement leur petit bec impose de petites proies : drosophiles, nymphes de fourmis, pinkies ou asticots hachés au mixer, vers buffalo, mini vers de farine, pucerons... Nettement moins insectivores que les Astrilds vrais ou les Cordonbleus, ils se contentent d'une petite quantité quotidienne de protéines animales pour l'élevage. Mes oiseaux acceptent bien ma pâtée d'élevage, ce qui est un atout pour le nourrissage.

Je serais heureuse de correspondre avec d'autres éleveurs de Bengalis rouges de Chine souhaitant établir cette espèce dans les élevages français ou européens, car nous ne sommes pas nombreux à en élever !

Article publié le 23 septembre 2004


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