LE TARIN NOIR (Carduelis atrata) ou Tarin de Bolivie
Une aventure qui tourne court !

Elevage de Laurent M. - Texte présenté par Pierre Nectoux


Tarin noir mâle
Tarin noir mâle - Photo et élevage : ???


Début 1997, une revue publie la photographie d'un Tarin noir présenté dans une exposition. C'est pour moi, un véritable coup de foudre !

Je téléphone sans plus attendre à quelques importateurs dont les coordonnées figurent en permanence dans mon annuaire téléphonique « spécial oiseaux ».

« Avez-vous des tarins noirs disponibles ? »
« La semaine prochaine », me répond-on à plusieurs reprises.
Au bout d'une semaine :
« Avez-vous reçu des Tarins noirs ? »
«  En fin de semaine ! »
La fin de semaine arrive, les réponses s'enchaînent... « dans deux jours », puis « dans un mois », puis encore « dans une semaine », etc., etc., selon la détestable habitude des importateurs français.

ENFIN ! en août 1997, des tarins sont disponibles. Je passe commande et les attends avec impatience, le cœur battant.

Dès que ma commande est lancée, j'installe immédiatement ma volière intérieure pour mettre mes oiseaux en quarantaine à leur arrivée. Je prévois de leur distribuer un mélange de graines pour diamants australiens, une mangeoire d'alpiste, ainsi qu'un mélange pour canaris, un ramequin de pâtée du commerce, deux ou trois grappes de millet rouge, et naturellement, un abreuvoir d'eau avec un anticoccidien (Océcoxil, des laboratoires Viguié).

Je souhaite, en effet, lâcher mes oiseaux dès leur arrivée et ne plus les déranger. Depuis cette époque-là, j'agis de la sorte chaque fois que je reçois des oiseaux, quelle que soit leur origine : élevage ou importation.

Le cœur battant, j'attends le lendemain le passage de la SERNAM. À 11 heures, le camion est devant ma porte : j'ai enfin mes Tarins noirs !

J'éprouve alors un réel bonheur à partir de ce moment, en les voyant voler d'un barreau à l'autre, en s'appelant sans arrêt d'une note métallique, un peu rauque.

Qu'ils sont beaux ces tarins, complètement noirs. Je ne cesse de les admirer : à chaque vol, un liseré d'or apparaît aux ailes, comme un éclat de soleil.

Je m'assois devant ma petite volière et me mets à rêver à ces régions des hauts plateaux boliviens d'où ils arrivent certainement. J'ai vu quelques reportages à la télévision. Ainsi, un voyage fictif dans leur pays me permet d'imaginer leur mode de vie à 3000 ou 4000 m d'altitude. Je les vois dans mes pensées s'accrochant aux graminées rases ou s'envolant à tire d'ailes vers un ravin, s'agrippant aux épineux rabougris qui poussent régulièrement entre les éboulis.

Bien avant leur arrivée, et afin de ne pas être pris au dépourvu, je me suis documenté au maximum avec le peu de lecture existante. À part le bouquin de Marcel RUELLE, à ma connaissance, rien n'a été écrit sur cet oiseau.

Quelle altitude, quelle nourriture, quelle hygrométrie, quelle température y a-t-il là-haut, « chez eux » ?

J'ai donc engrangé dans ma tête et dans mon cœur tout ce que j'ai pu ! Je souhaite, dans la mesure du possible, les rendre heureux, et bien sûr en tenter la reproduction puisque je suis avant tout un éleveur ! Le collectionneur se contente de bien nourrir ses oiseaux sans tenter de les faire reproduire. Je me tourne aussi vers certains éleveurs qui, parait-il, en ont acheté beaucoup dans les années 90, car à cette époque ces oiseaux n'étaient pas chers, et qui ont, soi-disant, obtenu des descendants... bien moins, en fait, qu'ils veulent bien le dire. Le plus surprenant est que si j'écoute leurs réponses à mes questions, je renonce avant d'avoir commencé !

«  Surtout, gare à l'humidité ! », me dit-on.
Et aussi : « D'ailleurs, si vous réussissez à garder vos tarins plus de trois ou quatre mois, vous aurez de la chance ! ».
D'autres, un peu moins pessimistes, de me dire : « Si vous les gardez un an, et si vous avez de la reproduction, les petits ne vivront pas ! Il n'y a ni le climat, ni l'alimentation qui leur conviennent ! Si vous leur donnez le mélange exotiques classique, c'est la mort assurée ! ».

Néanmoins, j'ai gardé mes Tarins en vie pendant quatre ans.

Je ne veux en tirer aucune gloire excessive, mais simplement affirmer à ceux qui liront ces lignes :

« Renseignez-vous, c'est bien, écoutez un maximum de conseils, puis faites une synthèse de tous les renseignements recueillis, même si quelquefois ils sont contradictoires, et écoutez surtout votre intuition, consolidée par vos observations journalières ».

Un mois après leur arrivée, je les lâche en volière extérieure de 1 m de large x 1,80 m de haut x 20 m de long.

Ils ont comme compagnons : Canaris, Astrilds, Cailles de Chine et Colombes.
La volière est plantée de petits conifères, de genêts à balai et de sureaux.
Dès le lendemain, mes Tarins se mettent à chanter allègrement, à la manière du Chardonneret européen. Ils sont souvent accrochés au grillage, détestable habitude que je retrouve chez le Tarin rouge du Venezuela, ce qui les expose dangereusement aux prédateurs tels qu'Éperviers, Autours des palombes ou Chouettes.
J'observe qu'ils se poursuivent parfois en chantant. J'espère avoir deux couples, ou au pire, au moins une femelle !

Quelque temps plus tard, je commande, chez un autre importateur, quatre autres tarins noirs (je suis littéralement subjugué par cet oiseau, vous l'aurez compris !).

Mais l'automne est déjà là et malheureusement, aucune tentative de nidification n'a été tentée cette année. À cette époque de l'année, je trouve alors de temps en temps des plumes jaunes et noires sur le sol de ma volière, puis de nouveau, même observation en fin d'hiver.
Je conclus donc que les Tarins noirs doivent faire deux mues dans l'année, qui pourrait m'éclairer sur ce point ?

Sauf durant un mois ou deux d'hiver, ils chantent sans arrêt. Je me régale chaque jour en les écoutant. Leur chant restera à jamais au creux de mes oreilles !

L'été 1998 ne me donne pas de meilleurs résultats : je suis de plus en plus persuadé de ne posséder que des mâles.

Des éleveurs m'avaient dit, et je l'avais lu également, que le noir des mâles est plus intense que celui des femelles, qui tire davantage sur la couleur brune que vers le noir. Chez le mâle, le jaune du ventre, plus lumineux, remonte plus loin vers le bréchet. Parfois, lorsqu'un oiseau est dans l'ombre, il me semble plus brun que noir. S'agit-il dans ce cas d'une femelle ? Aalors que son voisin, en plein soleil, resplendit d'un noir plus profond, lustré, mais un instant plus tard, en plein soleil à son tour, ma soi-disant femelle est du même noir que les mâles et chante !

Je me demande donc aujourd'hui si les deux sexes de cette espèce chantent.

À noter que la femelle de Tarin du Venezuela chante : faut-il faire un rapprochement rapide entre ces deux espèces ?

En novembre 1998, je déménage de l'Ardèche pour me retrouver dans la Drôme, où le mistral très souvent glacial – été comme hiver – souffle avec violence : ce vent « mortel » peut souffler nuit et jour pendant quinze jours, sans s'arrêter un instant !

Un ami m'a construit une volière extérieure grillagée, accolée contre un vieux bâtiment un peu délabré, lui-même adossé à une colline calcaire. Les pluies d'automne ruissellent sur les murs de la volière. Mais je n'ai pas le choix, l'emplacement m'est imposé par la présence de ce bâtiment. Je subodore sans tarder les « pépins » à venir.

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